JBS, qui a fondé son empire sur la production et la transformation de viande de porc, de volailles, de bœuf et de mouton, fait décidément les gros titres de la presse brésilienne.
Début mars, c'était son implication dans un vaste scandale de viande avariée touchant l’ensemble du secteur brésilien qui était révélée au grand jour. Aujourd'hui, le groupe se voit accusé d’avoir favorisé son expansion à coups de pots-de-vin de plusieurs centaines de millions de dollars, versés pendant des années à des politiciens locaux.
Un scandale qui remonterait jusqu’au plus hautes sphères politiques. Joesley Batista, l'un des propriétaires de JBS, aurait en effet remis aux autorités des enregistrements sonores qui impliqueraient le Président du Brésil, Michel Temer.
Pour éviter toute poursuite, les principaux cadres de l’entreprise ont noué un accord avec la justice en échange de remises de peine. La holding qui contrôle le groupe JBS va ainsi payer une amende de plus de trois milliards de dollars, soit plus de 5% du chiffre d’affaires par le groupe l'an dernier.
Désinvestissement
Fragilisée par l’envolée de ses coûts de financement qui en découlent, et une la valorisation boursière pratiquement divisée par deux en l’espace de quelques mois, le groupe a lancé un plan de désinvestissement visant à réduire sa dette.
II prévoit notamment la vente par JBS de ses parts dans la société brésilienne de produits laitiers Vigor, dans la société américaine d'aliments pour bétail Five Rivers Cattle Feeding et dans l’entreprise nord-irlandaise de volaille Moy Park.
« L’ogre brésilien de la viande », dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 milliards de dollars, entend également vendre plusieurs fermes. Il avait par ailleurs déjà annoncé en début du mois la vente de ses divisions « viande de bœuf » en Argentine, au Paraguay et en Uruguay.
Des rendements annuels compris entre 6 et 10%
Sur le marché secondaire, les obligations émises par le géant brésilien de la viande se sont stabilisées depuis notre dernier point sur l’entreprise.
A titre d'exemple, l’emprunt (5,75% - 2025) émis par la filiale américaine du groupe, JBS USA Finance, se traite aux alentours des 94% du nominal, ramenant son rendement annuel sous les 7%.
Accessible par coupures de 2.000 dollars, son coupon semestriel a été payé par l'émetteur le 15 juin dernier, ce qui limite fortement les intérêts courus à débourser.
Nécessitant une mise de fonds de 200.000 dollars cette fois, l'obligation senior non-sécurisée (7,25% - 2024) émise par la filiale autrichienne JBS Investments, s’échange elle sous les 90% du nominal, portant le rendement annuel à près de 10%.
Ces deux émissions de type senior non-sécurisé sont notées « B+ » dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor's.
Selon l'agence, cette différence importante de rendement, à rang de séniorité et ratings pourtant similaires, s’explique par le fait que le recouvrement devrait être plus important pour la filiale américaine en cas de défaut de l’entreprise.
En d’autres termes, les porteurs des obligations émises par JBS Finance USA recevraient proportionnellement davantage que les détenteurs d’obligations JBS Investment en cas de défaut.