La Banque Centrale Européenne a décidé hier de réduire son imposant programme de lutte contre la crise en zone euro, tout en laissant ses taux inchangés.
Conçu il y a près de trois ans pour prévenir tout risque de déflation au sein de la zone euro, le programme consiste un en rachat massif d’actifs, à hauteur de 60 milliards d’euros mensuels, parvenant à échéance fin décembre 2017.
Avec des chiffres de croissance encourageants dans la zone euro et un risque de déflation écarté, la majorité des observateurs s’attendait à une réduction du programme actuel. Ceci a été confirmé jeudi, avec l’annonce de la BCE de réduire de moitié la mesure, avec un rachat mensuel de dettes publiques et privées de 30 milliards d’euros entre janvier et septembre 2018. L’institution européenne affirme cependant se laisser la possibilité d’augmenter le montant alloué si les perspectives venaient à s’assombrir dans la zone euro.
"Les risques pesant sur la croissance restent globalement équilibrés. D'une part, la forte dynamique conjoncturelle, comme en témoignent les récents développements des indicateurs de sentiment, pourrait entraîner d'autres surprises de croissance positives. D'autre part, les risques à la baisse continuent de se rapporter principalement aux facteurs mondiaux et à l'évolution des marchés des changes" a commenté Mario Draghi, président de l’institution.
La BCE ne crie cependant pas encore victoire, le taux d’inflation restant encore éloigné du niveau cible « proche mais inférieur » à 2% en glissement annuel. L’inflation s’est en effet élevée à 1,5% sur un an en septembre et en août, et est appelée à se tasser en hiver en raison d’effets de base sur les prix de l’énergie.
La Banque Centrale Européenne a par ailleurs précisé qu’elle n’engagera de remontée de ses taux d’intérêts que "bien après" la fin des rachats d'actifs. Les taux directeurs n’ont donc pas évolué : le principal taux de refinancement des banques a été maintenu à zéro et les institutions bancaires vont continuer à devoir assumer des taux d’intérêts négatifs de 0,40% pour leurs dépôts de liquidités auprès de la BCE.
Quelles conséquences sur les marchés financiers ?
Les marchés financiers ont bien accueilli le prolongement du programme de rachat, représentant le scénario le plus accommodant que les analystes espéraient.
Tandis que les principaux indices actions ont clôturé la journée de jeudi en hausse (+1,50% pour le CAC 40 et +1,02% pour le Bel20 par exemple), les taux obligataires se sont quant à eux détendus. Le bund allemand à dix ans a ainsi perdu plus de 6 points de base pour retomber à 0,412%.
Sur le marché des changes, l’euro a également réagi aux annonces de la Banque Centrale Européenne. La monnaie unique a en effet reculé face à plusieurs devises, perdant par exemple 1,18% face au billet vert, pour clôturer à 1,17 dollar pour un euro.