Actuellement, les banques centrales sont pour la plupart en attente, car les réouvertures dans le monde entier leur donnent l'espoir que la politique monétaire existante fonctionne. Cependant, elles n'en sont pas plus sûres que les gouvernements ne le sont d’avoir écarté la menace du COVID-19.
La Banque de réserve d'Australie, la Banque du Canada et la Banque centrale européenne se réunissent cette semaine, respectivement mardi, mercredi et jeudi. Que les taux actuels soient légèrement positifs ou légèrement négatifs, aucune de ces banques centrales ne dispose d'une grande marge de manœuvre pour stimuler l'économie par des baisses de taux supplémentaires.
Leurs monnaies respectives - le dollar australien, le dollar canadien et l'euro - ont été fortes par rapport au dollar américain ces derniers jours (voir AUD/USD, USD/CAD et EUR/USD), mais c'est plus un soulagement dû à la réouverture qu'un reflet de la politique monétaire, alors que les investisseurs sortent du refuge de la monnaie américaine.
Le gouverneur de la banque centrale australienne, Philip Lowe, a fait reculer tout espoir de nouvelles mesures alors qu'il a appellé les autorités budgétaires à fournir davantage de stimulation. La RBA devrait maintenir son taux à 0,25 % et durcir ses prévisions, soutenant ainsi le dollar australien qui tente de revenir à ses niveaux de janvier par rapport à la monnaie américaine.
La réunion politique de mercredi marquera les débuts de Tiff Macklem en tant que nouveau gouverneur de la banque centrale du Canada. La banque devrait également maintenir son taux de référence à 0,25 %, et le huard a également été relativement fort par rapport au dollar américain.
Macklem, ancien vice-gouverneur de la banque centrale, devrait être fiable, mais il est peu probable qu'il prenne des initiatives audacieuses dès son premier jour de travail, même s'il a dû attendre sept ans de plus que prévu après que Stephen Poloz ait obtenu le poste avant lui.
La Banque Centrale Européenne a d'autres questions délicates à régler alors que le conseil des gouverneurs se réunit jeudi. La Commission Européenne a proposé 750 milliards d'euros pour un fonds de relance ainsi qu'un budget de 1100 milliards d'euros, mais étant donné les procédures qu’il faudra mettre en oeuvre pour transformer cela en réalité, la BCE n'est guère en mesure de maintenir l'économie européenne à flot.
La volonté de financement du plan de relance par des obligations émises au nom de l'UE se heurte à l'opposition non seulement des quatre pays dits frugaux - l'Autriche, la Suède, le Danemark et les Pays-Bas - mais aussi des membres conservateurs du gouvernement de coalition de la chancelière allemande Angela Merkel.
L'Allemagne a levé un autre obstacle potentiel à la participation de la banque centrale allemande à ce programme avec la décision de la Cour Constitutionnelle du mois dernier selon laquelle le gouvernement doit justifier que les achats d'actifs de la BCE sont "proportionnels" - c'est-à-dire que les effets de la politique économique sont conformes aux objectifs de politique monétaire qui sous-tendent le programme. En conséquence, la BCE aurait établi des plans d'urgence pour effectuer des achats d'actifs sans la Bundesbank.
L'UE conteste la compétence du tribunal allemand en la matière, mais le jugement introduit encore plus d'incertitude pour la banque centrale sous la direction instable de Christine Lagarde, qui a accédé à la présidence sur la base de ses références politiques et de sa nationalité plutôt que de son expertise en matière de politique monétaire.
Néanmoins, les analystes s'attendent à ce que la BCE augmente de 500 milliards d'euros son programme d'achat d'urgence en cas de pandémie, contre 750 milliards d'euros actuellement, voire plus. Les traders seront à l'affût de tout changement dans la portée des achats d'actifs dans le cadre de cet assouplissement quantitatif - par exemple si les obligations de sociétés classées « junk » en raison de la pandémie, les "fallen angels", seront éligibles.
Le taux de référence de la BCE est négatif à 0,5 % depuis septembre, il n'est donc pas possible de l'abaisser davantage. L'Euro, quant à lui, bénéficie de la faiblesse générale du dollar américain et de l'attente d'une stimulation supplémentaire grâce à l'augmentation des achats d'actifs.