L'Asie boursière s'est raffermie, les bons résultats trimestriels des sociétés américaines et la hausse des prix du pétrole soutenant la propension au risque. En outre, le troisième et dernier débat présidentiel US a réduit les incertitudes politiques. Le seul doute subsistant encore est peut-être la déclaration de Donald Trump laissant entendre qu'il refuserait de reconnaître le résultat de l'élection du 8 novembre, ce qui serait une contestation sans précédent dans l'histoire de la démocratie américaine et explique la réaction des traders sur des cross tels que les USD/CAD et USDMXN. Wall Street a signé une deuxième séance consécutive de hausse, tirée par les valeurs énergétiques qui ont profité de l'envolée du pétrole. Les financières ont également contribué à la progression grâce à de bonnes surprises sur les trimestriels d'entreprises, notamment concernant Morgan Stanley (NYSE:MS). A l'approche de la réunion de la BCE, l'optimisme s'est néanmoins tempéré en Asie. Le Nikkei s'est adjugé 1.39 sur l'affaiblissement du yen face au billet vert et l'accord Softbank (T:9984) – Arabie Saoudite visant à créer un fonds d'investissement de 100 milliards de dollars. Le Hang Seng a pris 0.048, tandis que le Shanghai Composite a peiné pour garder la tête hors de l'eau. Sur les marchés des changes, le dollar s'est renforcé contre les devises du G10 et les émergentes. L'AUD/USD figure en queue de peloton, avec un recul de 0.7734 à 0.7660 dans le sillage d'indicateurs économiques décevants. L'emploi australien a chuté de -9.8k en septembre, contre 15k attendu, ce qui a accru les anticipations d'une nouvelle réduction des taux de la RBA.
Au Royaume-Uni, le marché du travail a continué de faire mentir les Cassandre. Le taux de chômage est resté à son plus bas niveau depuis 2005 à 4.9%, tandis que la croissance des salaires a progressé de 2.2%. Le Brexit devrait à terme entraîner une augmentation du chômage, mais pour l'instant, rien ne semble témoigner d'une migration massive des emplois. La BoC a annoncé hier le maintien du statu quo, tout laissant la porte ouverte à un assouplissement supplémentaire. Si le risque tend à une intensification de la politique monétaire accommodante, nous nous attendons à ce que la BoC s'abstienne d'abaissements additionnels. Au Brésil, la BCB a entamé un cycle d'assouplissement en abaissant le SELIC de 25 pb. Le Copom se montrera sans doute prudent du fait des importantes incertitudes macroéconomiques pointant à l'horizon. Il pourrait y avoir une nouvelle réduction des taux lors de la réunion du 30 novembre, suivie d'une pause.
Aux Etats-Unis, les mises en chantier de logements sont ressorties en recul de -9.0% m/m à 1.047 millions en septembre, nettement sous les 1.173million attendus. Ces chiffres décevants pèseront sur les estimations du PIB du troisième trimestre.
L'attente de la décision de la BCE domine les échanges de ce jeudi. Nous n'anticipons aucun changement de stratégie (la banque centrale attendra probablement la réunion de décembre) ou modification du QE. Même l'annonce d'ajustements techniques, tel le retrait du plancher de rendement, paraît peu probable, sans pouvoir toutefois être exclu. C'est donc la conférence de presse qui retiendra toutes les attentions, et notamment les réponses de Mario Draghi aux questions sur la structure du programme, la prolongation du QE et les perspectives d'inflation. Ailleurs, la Banque de Turquie doit rendre son verdict ce jour. Compte tenu des incertitudes politiques et des allusions des autorités gouvernementales à leur inquiétude quant à l'affaiblissement du TRY, un statu quo est extrêmement probable.
Outre la BCE, les traders surveilleront les ventes de détail britanniques, ainsi que l'indice d'activité de la Fed de Philadelphie et les ventes de logements anciens aux Etats-Unis.