Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Alors que le Nikkei a culminé début novembre à 23 591 points, la Bourse de Tokyo vient d’aligner deux séances de repli, ce qui ramène l’indice de référence au Japon au contact d’un support qui pourrait s’avérer crucial, dans la zone des 23 140/23 150 points.
Le Nikkei a progressé de manière continue à compter du 4 octobre, depuis un plancher de 21 315 points, par-delà des indicateurs économiques qui ne cessent de se dégrader (production industrielle, ventes de machines-outils, PIB proche de la stagnation à +0,1% au 3ème trimestre…).
Dernier indicateur en date, paru hier et sans équivoque : les exportations japonaises ont dévissé de 9,2% en octobre en rythme annuel, soit un plus bas depuis trois ans. Un net repli qui reflète essentiellement le ralentissement des exportations vers les Etats-Unis et surtout vers la Chine.
Le principal moteur de la croissance nippone semble aujourd’hui en panne, mais il reste à découvrir l’état mécanique du moteur auxiliaire, celui de la consommation, pour lequel le pire est à redouter après le relèvement du taux de TVA de 8 à 10% du 1er octobre.
Impossible d’exclure que le PIB recule au quatrième trimestre, ce qui induirait une croissance annuelle sensiblement inférieure à l’estimation officielle de 1%.
Des statistiques sans effet
Qu’à cela ne tienne : la Bourse de Tokyo prend encore 16% depuis le 1er janvier et elle a même atteint sa meilleure marque alors que l’activité avait atteint son pire niveau de l’année 2019.
Pour mémoire, le Nikkei affichait un score de 21 300 points le 21 novembre 2018, il y a un an jour pour jour donc, alors que les prévisions de l’époque étaient bien plus optimistes qu’elles ne le sont aujourd’hui pour les 12 prochains mois… L’indice phare se situait donc 10% plus haut qu’il y a un an il y a tout juste 48 heures de cela.
Il n’est certes parvenu à renouer avec les 23 400 du 1er octobre 2018, mais ce niveau n’avait été testé que sur la foi d’un scénario économique irréaliste et irréalisable, comme cette fin d’année 2019 nous en administre la preuve.
De son côté, la Chine n’est peut-être pas loin de connaître – du moins en tendance – son pire trimestre depuis 2015. Pékin avait alors « répliqué » à grands renforts d’injections massives de crédit et de programmes de grands travaux.
Ce n’est cependant pas le cas cette année et l’une des causes semble être la mauvaise santé des « petites banques », percluses de mauvaises créances.
Il est en réalité assez difficile de connaître l’état réel de l’économie chinoise, sachant que les statistiques officielles sont d’abord « politiques » et que les autorités s’emploient de minimiser l’impact des sanctions douanières américaines.
Les 5,8% de croissance revendiqués par Pékin sont jugés peu crédibles au regard de la consommation d’électricité locale ou encore du trafic de conteneurs dans les principaux ports chinois. Dès lors, l’estimation de la croissance chinoise est surtout indirecte et se mesure au travers des échanges commerciaux avec ses principaux sous-traitants et partenaires.
De ce point de vue, le Japon constitue un bon « proxi » de la conjoncture chinoise et la dégradation des chiffres de production et d’import/export nippons pourrait bien constituer un canari dans la ming !