Compte tenu du rythme médiocre de la reprise économique américaine, la plupart des acteurs financiers s'attendaient à voir la Réserve fédérale s'en tenir à son plan initial de resserrement graduel des taux. Au lieu de quoi, les minutes de la réunion de mars du FOMC ont révélé que les participants avaient longuement débattu de la stratégie à adopter pour commencer à se défaire des 4.500 milliards de dollars d'obligations et titres hypothécaires inscrits au bilan de l'institution. Techniquement, la Fed n'a pas discuté de la vente de ces actifs, mais plutôt d'un changement de la politique de réinvestissement plus tard cette année. La banque centrale réinvestit actuellement tous les remboursements de capital et la taille nominale de son portefeuille reste donc inchangée.
Jusqu'ici, les gouverneurs de la Fed avaient peu abordé ce sujet. La question du bilan n'a commencé à se poser que récemment. Le marché ne s'attendait pas à voir la banque centrale réagir aussi vite, la plupart des analystes n'anticipant pas de changement en la matière avant mi-2018. Pris à contre-pied, les investisseurs ont dû réévaluer les perspectives économiques américaines et les effets sur le dollar. De fait, réduire le bilan au lieu de resserrer les taux court terme a l'avantage de limiter l'appréciation de l'USD dans une certaine mesure.
Le dollar a totalement effacé les gains engrangés avant les minutes du FOMC pour finir stationnaire face à la plupart de ses homologues. Pour l'instant, le marché digère les minutes et leur impact potentiel sur le billet vert. Les investisseurs se détournent du risque, tirant les actions à la baisse et le yen japonais à la hausse. Cette frilosité ambiante favorise l'USD à court terme, surtout compte tenu des incertitudes politiques émanant de l'Union européenne. Par ailleurs, le "reflation trade" est plus que jamais remis en question aux Etats-Unis, l'administration Trump s'étant avérée incapable de mettre en œuvre les réformes annoncées. Par conséquent, un nouvel affaiblissement de l'USD peut être écarté sur le moyen à long terme.