Si le résultat des élections européennes n’a pas provoqué de mouvement majeur sur les marchés, les actifs grecs (actions et obligations) ont fortement progressé alors que le Premier ministre du pays, Alexis Tsipras, a annoncé la tenue d’élections anticipées.
Le verdict des urnes montre que son parti de gauche radicale Syriza est sorti perdant et qu’il est devancé de plus de 10 points par le parti de la ‘Nouvelle démocratie’, un groupe politique jugé favorable aux milieux d’affaires et à l’Europe. La défaite est d’autant plus marquée que ‘Nouvelle Démocratie’ arrive en tête dans dix des treize régions grecques. Le scrutin était triple en effet en Grèce dimanche dernier, les électeurs votant non seulement pour les européennes mais également pour les municipales et les régionales.
Face à ce verdict, Alexis Tsipras a décidé de dissoudre l’Assemblée et annoncé des élections législatives anticipées. Elle pourrait se tenir dès le 30 juin, selon différentes sources.
Les investisseurs espèrent désormais l’avènement d’un parti plus discipliné sur les dépenses, Alexis Tsipras ayant annoncé quelques jours avant le scrutin européen une série de mesures sociales, dont une baisse de la TVA, faisant craindre pour les finances du pays. Ceci alors qu’Athènes remonte tout doucement la pente après être sortie en août 2018 de la tutelle budgétaire imposée par le FMI et l’Union européenne en échange de prêts massifs.
Une amélioration saluée d’ailleurs par les agences de notation comme Moody’s qui a relevé en mars le rating de la Grèce à B1 contre B3. La perspective a été changée de ‘positive’ à ‘stable’.
Moody’s met en avant un programme de réformes qui semble fermement enraciné et qui commence à porter ses fruits, une embellie budgétaire due à des mesures structurelles et une soutenabilité améliorée de la dette publique. L’agence souligne également le retour réussi de la Grèce sur les marchés des capitaux.
Athènes a par exemple levé 2,5 milliards d’euros à 10 ans sur le marché primaire au début du mois de mars. L’opération a été sursouscrite quatre fois, ce qui a permis de fixer le coupon à 3,875%. Désormais disponible sur le marché secondaire, l’obligation, au statut de dette senior non sécurisée, a pris près de 3% depuis le résultat du scrutin européen et la perspective d’élections anticipées. Actuellement, elle cote à près de 106,88% de sa valeur nominale, soit un rendement de 3,04% par coupures de 1.000 euros.
Tendance similaire pour la Bourse d’Athènes qui a bondi de 6% sur la seule séance de lundi (le lendemain des élections européennes), portant à 29% sa progression depuis le début de l’année.
Pour profiter de cette évolution positive, une possibilité serait de prendre son bénéfice sur l'obligation à échéance 2029 et de réinvestir dans l'obligation un peu plus longue, à échéance 2033. Cette obligation est aussi disponible par coupures de € 1.000 euros.
Faire cet arbitrage permet de tabler sur un coupon légèrement plus élevé mais surtout d'un taux d'imposition effectif plus faible, et ce malgré un nombre de jours d'intérêts courus supérieurs dans l'obligation à échéance 2033 versus celle à échéance 2029. De quoi faire d'une pierre deux coups en améliorant le rendement à l'échéance d'un bon demi-pourcent.