Focus cette semaine sur Altice (AS:ATCA) NV, une société holding présente dans le secteur des télécoms, du câble et des médias, fondée en 2001 par l’homme d’affaires Patrick Drahi.
Réorganisation
La structure d’Altice NV a changé en début d’année, à l’occasion de l’annonce le 9 janvier d’une réorganisation en profondeur, avec d’une part par la scission de la filiale américaine Altice USA (détenue à hauteur de 67,2%), numéro quatre du câble aux États unis, et d’autre part par une nouvelle organisation en Europe.
Plus précisément, les actionnaires d’Altice NV vont recevoir chacun des actions de la filiale Altice USA. Mais avant cela, la structure américaine versera un super dividende de 900 millions d’euros en cash à Altice NV, dont 625 millions seront directement consacrés au désendettement, selon le document publié.
Une fois l’opération bouclée, en principe au deuxième trimestre 2018, Altice USA sera autonome tandis qu’Altice NV, rebaptisée Altice Europe, sera réduite aux autres activités européennes. Elles se déclineront à travers trois grands pôles: Altice France (y compris les activités d’outre-mer), Altice International (Portugal, Israël, République dominicaine) et (une nouvelle structure à créer) Altice Pay TV (la télévision payante).
Patrick Drahi restera l’actionnaire de contrôle des deux entités. Le néerlandais Dennis Okhuijsen dirigera Altice Europe, tandis que l’Américain Dexter Goei s’occupera des activités outre-Atlantique.
Impact sur l’action
Sur les marchés boursiers, si la réorganisation d’Altice est susceptible de faire d’Altice Europe une cible potentielle, la déconnexion des activités américaines n’a pas permis de rassurer les investisseurs, lesquels s’inquiètent toujours des difficultés opérationnelles rencontrées au niveau de SFR (PA:SFRGR).
On se souvient que l’action Altice NV avait brutalement plongé en novembre, en réaction à l’avertissement sur résultats de la filiale opérationnelle française, obligeant Patrick Drahi à monter au créneau pour tenter de recouvrer la confiance des investisseurs. En vain, puisque que le titre végète pour l’instant loin de ses plus hauts historiques. Il vaut actuellement 8,25 euros, soit une capitalisation boursière de l'orde de 15 milliards d'euros.
Quant aux analystes, ils sont plutôt positifs sur la valeur: 12 recommandent d'acheter le titre, 2 de le vendre et 7 de le conserver. Ensembles, ils anticipent un cours moyen de 12,43 euros pour l'action dans 12 mois.
Quid de la dette
À l’issue du processus de réorganisation, Altice Europe devra gérer une dette de l’ordre de 31 milliards d’euros, représentant 5,4 années d’excédent brut d’exploitation (Ebitda).
Côté obligataire, le groupe de Patrick Drahi a précisé que « la mise en œuvre de la scission n’affectera pas les différents silos de dette d’Altice Europe, ce dernier héritant des structures Altice International ou encore Altice Luxembourg SA. Tous les instruments restent en place aux mêmes conditions », peut-on lire dans le communiqué.
Malgré tout, les créanciers obligataires se retrouvent avec des titres émis par des structures appartenant à un groupe amaigri et affaibli. Standard & Poor’s n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner, précisant que la capacité de désendettement allait dépendre un peu plus encore de SFR. Et l’agence envisage désormais d'abaisser d'un cran son rating. Ce serait une mauvaise nouvelle pour Altice Europe, qui verrait alors ses coûts de financement se renchérir, à moins que cette perspective ne soit déjà intégrée dans les cours.
À titre d’exemple, l’obligation Altice Finco SA 4,75% - 15/01/2028 évolue actuellement bien en-deçà du pair à 94,46%, de quoi tabler sur un rendement de 5,48%. La coupure est de 100.000 euros et le rating « B-» chez S&P.
En dollar, l’obligation SFR Group SA 6,25% - 15/05/2024 se négocie elle aussi sous le pair. Nécessitant une mise de fonds de 200.000 dollars, cette émission senior est notée «B+» peut être achetée à 97,88%, correspondant à un rendement de 6,67%.