Dix dollars, c’est ce que vaudrait l’action Tesla (NASDAQ:TSLA) en cas de « Scénario du pire » (Bear case), estime Morgan Stanley (NYSE:MS), dans une étude évoquée par Reuters. Et si le cours de bourse venait à s’affaiblir davantage, le courtier américain n’exclut pas une vente possible du constructeur de voitures électriques.
Tesla était considéré comme une société de croissance, a expliqué à quelques investisseurs l’analyste de Morgan Stanley, Adam Jonas, lors d’une conversation téléphonique dont Bloomberg News a obtenu un enregistrement. Mais aujourd’hui, a-t-il ajouté, Tesla brûle du cash, lève des capitaux, personne ne se soucie du nouveau SUV (Model Y)... Bref, actuellement, Tesla n'est plus vraiment considéré comme une entreprise de croissance. C’est plutôt l’histoire d'une société dont la situation financière est très tendue, a-t-il ajouté alors que l’endettement du constructeur dirigé par son flamboyant fondateur Elon Musk ou son exposition à la demande (chinoise notamment), posent aussi question.
Toutefois, la valeur stratégique de Tesla et son savoir-faire technique restent extrêmement élevés, si ce n'est uniques, ajoute-t-il, ce qui justifie le maintien de l’objectif de cours à 230 dollars et une valorisation de 391 dollars dans le meilleur des cas.
L’analyste Daniel Ives, du courtier américain Wedbush, n’est pas plus tendre à l’égard de Tesla quand il estime les chances du constructeur automobile de pouvoir atteindre ses objectifs de rentabilité au second semestre. "Autant partir escalader le Kilimandjaro", écrit-il.
Ce n’est pas la première fois que Tesla est l’objet d’analystes particulièrement sévères dans leurs notes et que le constructeur automobile subit une vague de défiance sur les marchés.
Depuis le début de l’année, l’action a chuté de 43%, les investisseurs sanctionnant les difficultés rencontrées lors de la montée en cadence de la production du Model 3 (une voiture censée donner une nouvelle envergure à Tesla avec de plus gros volumes de vente), la détérioration de la situation financière au premier trimestre, le départ de plusieurs cadres, les problèmes de livraison en Europe, les tweet d’Elon Musk, la montée en puissance de la concurrence, les inquiétudes sur la fiabilité du système Autopilot…
Bref, les investisseurs sont nerveux à l’égard de Tesla et les analystes partagés : 11 recommandent le titre à l’achat, 10 de la conserver et 15 de la vendre, d’après Bloomberg. L’objectif de cours moyen atterrit à 281 dollars (donnant une capitalisation boursière de 33,70 milliards), bien au-dessus des 190,63 dollars affichés à la clôture de Wall Street vendredi soir.
Sur le marché obligataire, les déclarations de Morgan Stanley ont fait monter la pression d’un cran : l’obligation Tesla d’une maturité égale au 15 août 2025 et au coupon de 5,3%. Les dernières cotations de vendredi dernier ( le marché américain était fermé ce lundi pour cause de Memorial Day) cote désormais aux alentours de 85% du nominal, correspondant à un rendement d'environ 8,30%. Une rémunération élevée qui reflète la prime de risque importante exigée par les investisseurs dont le rating S&P est B-.