Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La fin du mois d’avril ressemblait à un énorme coup de bluff haussier, une gigantesque manipulation de cours (+6 à +7%) masquée par le prétexte de la dépêche « Gilead (NASDAQ:GILD) » publiée mercredi à 14H29 (décryptée dans ma vidéo de jeudi), et lors du « Live » avec les abonnés de la « Lettre confidentielle », j’ai clairement fait l’hypothèse d’une réouverture en « gap » baissier ce lundi, sans imaginer une Bérézina indicielle de -3,6% à la reprise des cotations, pour un retour express au contact des 4 400 points, et peut-être ces prochaines heures, au contact des 4 370, le plancher du 23 avril (et -350 points par rapport à jeudi matin).
Nous assistons à un des plus cinglants « bull-trap » de la décennie écoulée !
Il survient au lendemain d’une séance de « sell-off » de -3% à Wall Street : -2,8% pour le S&P500 (à 2 830) et -3,2% pour le Nasdaq (à 8 604), ou encore -2,5% pour le Dow Jones et -3,9% pour le Russell2000.
New York ne pouvait pas plus mal entamer le mois de mai… mais c’était tellement prévisible après que le S&P500 ait affiché +12,7% sur avril, son 3ème plus gros gain de l’histoire, après les +13,2% de janvier 1987… et c’était encore le second plus gros gain mercredi soir (+13,4%) après les +16,3% d’octobre 1974.
Le Nasdaq a bondi de +15,2% sur le mois écoulé, là aussi, un record historique depuis mars 2000… mais le plus époustouflant, c’est ce que nous vous avions décrit jeudi dernier, à savoir un Nasdaq100 passé momentanément à +2,5% en performance annuelle mercredi soir.
Alors que l’anticipation d’un soutien monétaire sans faille de la FED rebaptisé récemment “Golden Put” (à la place de “FED Put”) avait rendu les « permabulls » quasi euphoriques depuis le 20 mars dernier, le facteur politique a brutalement resurgi au moment où tout le monde était convaincu que le Covid-19 était à l’origine d’une trêve mondiale généralisée.
Donald Trump, en perte de vitesse dans les sondages (devancé de 2 points par Joe Biden) tente de reprendre la main en repassant à l’offensive sur le plan commercial (il ressort l’arme des surtaxes) face à la Chine qu’il accuse à nouveau de tous les maux.
Guerre commerciale Chine – Etats-Unis : round 2 ?
Il affirmait dès le 30 avril détenir des preuves que le Covid-19 s’était échappé du laboratoire P4 de Wuhan.
Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, affirme qu’il existait un “nombre significatif de preuves” que le nouveau coronavirus provienne d’un laboratoire de Wuhan (peu importe au fond qu’il soit « naturel » ou le fruit d’une manipulation génétique), ce qui vient étayer les accusations proférées par Donald Trump 48H auparavant.
La presse s’était empressée d’interroger la CIA qui ne confirme pas et dément du bout des lèvres, affirmant qu’elle ne “sait rien”, faute d’investigation.
Comme si la CIA pouvait avouer publiquement qu’elle surveillait ce laboratoire et se trouve parfaitement renseignée par ses “taupes” travaillant au sein d’une entreprise sensible sur le territoire chinois !
Mais le principal grief de la Maison Blanche ne concerne pas l’origine accidentelle -ou par négligence coupable- de la diffusion du Covid-19 : selon un intergroupe des services de renseignement de cinq pays, USA, Grande-Bretagne, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande (ces 5 pays sont ceux qui participent au développement du réseau « échelon » d’espionnage des conversations privées sur l’ensemble de la planète), la Chine aurait délibérément dissimulé l’étendue de l’épidémie et réduit au silence ses scientifiques et lanceurs d’alerte, au prix de centaines de milliers de vies dans le monde entier.
Trump martèle depuis plusieurs semaines ces accusations qui ont valeur d’alibi pour justifier son déni de la crise sanitaire qui menaçait d’affecter les Etats-Unis et dénonce à présent les manœuvres de Pékin visant à lui faire perdre les élections présidentielles de novembre.
Il s’apprête à repasser à l’offensive et fait l’inventaire des moyens de rétorsion à sa disposition : Trump cite la possibilité de rédiger un décret interdisant aux fonds d’épargne américains d’investir dans les entreprises chinoises figurant dans le MSCI All-Country World, ce qui serait approuvé par une majorité d’Américains).
Cela concernerait notamment le fonds d’épargne-retraite du gouvernement fédéral (d’un montant de 50 milliards de dollars).
Un tel décret dissuaderait les fonds d’investissement privés (tout le monde pense au géant BlackRock (NYSE:BLK) qui voudra éviter de passer pour « antipatriote ») d’allouer une poche importante aux marchés boursiers chinois, jusqu’à ce que la situation conflictuelle entre les 2 pays soit résolue.
Je pressens que Huawei et ZTE ne sont que les premières d’une longue série de boites chinoises qui vont se faire bannir des USA.
Et la Chine n’en a pas fini de se voir présenter l’ardoise de la pandémie puisque la presse allemande évoque une facture de 160 milliards de dollars pour compenser l’impact sur l’économie européenne.
Outre la chute de -3% de Wall Street vendredi et qui pourrait se prolonger d’un repli supplémentaire de -1,5% ce 4 mai, le yuan chinois a plongé de 7,0550 vers 7,125 (soit -1%) dès vendredi.
Je vois déjà la Chine riposter avec le chantage aux terres rares, aux stocks de médicaments, aux masques : de quoi se faire bien peur d’ici les élections américaines… et d’ici le 7 mai en France, car le suspens sur le déconfinement reste entier.