Les données NFP de février publiées vendredi ont créé une nouvelle surprise, réaffirmant l'opinion désormais consensuelle selon laquelle le risque de récession est faible pour l'économie américaine.
Les embauches ont augmenté de 275 000 le mois dernier, dépassant les attentes - bien au-delà des prévisions du consensus qui tablait sur environ 200 000.
Un examen plus approfondi des chiffres donne toutefois une image mitigée. Comme le note le Wall Street Journal,
"Derrière le chiffre principal se cachent des signes d'un ralentissement progressif".
Il n'en reste pas moins que l'on peut s'attendre à ce que le marché de l'emploi se développe à un rythme sain, même s'il est plus lent. Toutefois, certains indices laissent à penser qu'au cours de l'année, les obstacles à l'embauche pourraient s'intensifier, peut-être plus que prévu.
Un signe avant-coureur possible : la composante du secteur privé continue de sous-performer par rapport au niveau global, qui comprend les emplois publics.
La distinction est importante car les entreprises privées sont responsables de la majeure partie des embauches (et des licenciements). Les entreprises sont également sensibles au cycle économique, contrairement à l'immunité relative des pouvoirs publics en matière de recrutement.
En bref, il est révélateur de mesurer la différence entre l'évolution d'une année sur l'autre de la masse salariale totale et celle de la masse salariale privée. La plupart du temps, la variation d'une année sur l'autre de l'embauche dans le secteur privé est supérieure à celle de la masse salariale.
Cela n'est pas surprenant puisque les entreprises augmentent leurs effectifs en fonction de la croissance de l'économie (qui tend à prévaloir la plupart du temps), et font marche arrière lorsque les vents contraires s'intensifient.
Bien que plusieurs indicateurs clés de la masse salariale continuent de refléter la vigueur de l'économie, la récente baisse de la masse salariale privée en glissement annuel par rapport à la masse salariale totale est inquiétante, comme le montre le graphique ci-dessous.
Une valeur négative nette coïncide souvent avec une récession. Le fait que cet indicateur ait été négatif pendant 11 mois consécutifs jusqu'en février constitue un signal d'alarme possible pour le marché du travail et l'économie.
La bonne nouvelle : cet indicateur, dans la mesure où il signale des problèmes, a tendance à être précoce. Par ailleurs, plusieurs indicateurs dits fiables du cycle économique ont récemment faibli, et il est donc possible (probable ?) que cette mise en garde s'applique également dans ce cas.
La modélisation des perspectives d'évolution de la masse salariale privée d'une année sur l'autre à l'aide d'une méthodologie différente suggère que le graphique ci-dessus surestime le risque potentiel.
En utilisant le modèle d'ensemble de CapitalSpectator.com pour projeter la tendance sur un an des salaires privés, on continue d'anticiper un risque faible pour le marché du travail à court terme.
C'est également la prévision implicite du faible niveau des inscriptions initiales au chômage, qui continuent de s'inscrire à des niveaux proches des plus bas de plusieurs décennies.
Si et quand cet indicateur avancé commence à augmenter de manière significative et durable, cela confirmerait le signal d'alarme du premier graphique ci-dessus.
Pour ce que cela vaut, la faiblesse relative de la masse salariale privée par rapport à la masse salariale totale nous indique que les demandes d'allocations chômage vont bientôt augmenter, bien que cela semble être un événement peu probable aujourd'hui.