Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le 2 mai : voilà une nouvelle journée historique pour le marché parisien. Mais cela a échappé à la plupart des médias financiers, donc vous voilà frustrés de l’émotion qui devrait légitimement vous animer.
Je vais tenter d’y remédier, pas seulement pour la forme mais parce que les événements se télescopent et nous rapprochent d’un seuil critique qu’il va falloir bien négocier sous risque de faire valser des milliers de milliards de dollars.
Alors revenons sur le nouveau record absolu du CAC40 : vous l’avez deviné il ne s’agit pas du CAC40 classique (qui inscrit tout de même la seconde plus haute clôture depuis le début de l’année) mais du CAC Global Gross Return ou CAC40 GR, qui est calculé comme le DAX, dividendes inclus.
Un CAC euphérique
Il a établi un nouveau zénith historique à 14 215 pts en fin de matinée mais également en clôture, à 14 192 (précédent zénith intraday à 14 184 pts, le 23 janvier).
Mais plus que les scores évoqués ci-dessus, c’est le comportement du marché depuis le 28 mars qui nous intrigue.
Le CAC40 GR vient d’aligner 19 séances de hausse sur 25, et pas moins de 12 sur les 13 dernières… ce qui en fait la séquence de 5 semaines la plus obstinément haussière de l’histoire. Pas un seul pullback n’a dépassé -0,6% depuis le… 22 mars (6 semaines).
Quels « market movers » ont donc pu permettre qu’une ascension aussi régulière se matérialise ?
Depuis le 16 avril, la concordance avec la progression du dollar est parfaite (13 séances de hausse pour le billet vert, autant pour le CAC40). Mais avant cette date, la concordance était tout aussi parfaite vis-à-vis de Wall Street où les indices US ont enchaîné 10 séances de hausse sur 13 (entre le 28 mars et le 17 avril) avant de plafonner… et c’est là que le billet vert a opportunément pris le relais.
Et si cette explication bien commode n’était que du story telling (bien ficelé, certes) ?
Un scénario écrit et réalisé par quelques initiés ?
Tout semble s’être enchaîné comme par enchantement, l’ombre d’un doute n’a jamais effleuré les investisseurs. La hausse funiculaire du 28 mars au 02 mai n’est intellectuellement concevable qu’à condition d’adopter une vision du marché totalement mécaniste.
Mais même dans ce cadre, le marché ne peut être aussi régulièrement haussier, sans accroc. C’est, à notre sens, le signe que le scénario a probablement été écrit à l’avance et connu de quelques initiés. Je parle de ces banquiers systémiques, et autres titans de la gestion d’actifs qui participent à ces dîners informels avec les dirigeants des banques centrales (où, promis juré, on ne parle jamais de politique monétaire, on se refile juste des tuyaux sur de belles maisons à louer à Bali ou au Costa Rica).
Tenez, le comportement du pétrole est des plus troublants. La relation, symétrique et inverse, du pétrole par rapport au dollar ne fonctionne plus : l’or noir et le billet vert montent de concert ! Mercredi les stocks hebdomadaires de pétrole US ont été publiés : non seulement les stocks de brut (6,2 millions de barils) et d’essence (+1,2 millions de barils contre -1,3 attendu) sont bien plus importants que prévus mais la production de shale oil (schistes bitumineux) est à son zénith historique : l’offre est donc pléthorique.
Le pétrole en hausse envers et contre tout
Et devinez lequel des 12 secteurs d’activité du S&P 500 a clôturé en solo dans le vert mercredi à Wall Street ? Le secteur énergie !
Si le pétrole ne semble plus connecté à rien et qu’il monte contre toute logique, alors c’est que les acheteurs ont de sérieux motifs qui nous échappent…
C’est le comportement typique soit « d’idiots utiles » qui participent aveuglément au gonflement d’une bulle… soit d’initiés qui gèrent la smart money : nous penchons pour la seconde hypothèse, car il y a en fait très peu d’idiots sur les matières premières !
Devinez qui sera le dindon de la farce.