En présence du président mexicain populiste de gauche Andres Manuel Lopez Obrador, la compagnie pétrolière Pemex (Petroleos Mexicanos), détenue à 100% par l’État, a dévoilé le 16 juillet son ‘business plan’ pour 2019-2024. En fait, un plan de relance.
Le plan jette les bases de la modernisation de la compagnie pétrolière, en la rendant plus compétitive et en garantissant sa viabilité financière à long terme, indique le communiqué de l’entreprise. Il vise aussi à consolider le rôle de Pemex en tant que moteur du développement national et garant de la souveraineté énergétique, précise le document.
Le plan, qui a le soutien du conseil d’administration et de président, part d’un constat, celui des problèmes structurels qui handicape Pemex : un lourd fardeau fiscal imposé à l'entreprise (la principale contributrice au budget mexicain), un endettement élevé (la dette de Pemex s’élevait à 106,5 milliards de dollars à la clôture du premier trimestre) et un faible investissement. Ces trois facteurs ont été les principaux problèmes qui ont piégé l'entreprise dans un cercle vicieux, rappelle Pemex.
Les mesures de redressement passent justement par une réduction de la charge fiscale et par des investissements en vue de relancer une production en chute libre, passée de 3,4 millions de barils par jour en 2004 à 1,7 million aujourd’hui. Selon le Financial Times, le plan comprend un allégement fiscal de 6,7 milliards de dollars en 2020 et 2021 et un autre soutien de près de 16 milliards de dollars provenant directement du gouvernement, du secteur privé et de la société pétrolière elle-même. En 2021, l'investissement total passera à près de 22 milliards de dollars, afin de suivre l'objectif du gouvernement d'augmenter la production de pétrole. Les dirigeants espèrent la porter à 2,7 millions de barils par jour d’ici 2024, à la fin du mandat d’Andres Manuel Lopez Obrador, tout en augmentant les capacités de raffinage. Entre-temps, en 2021, Pemex devrait avoir renoué avec des comptes à l’équilibre, estime Romero Oropeza, son CEO.
Ratings toujours menacés
La réaction du marché a été négative, car peu d’investisseurs sont convaincus que ce plan puisse résoudre rapidement le problème de l’énorme dette et surtout empêcher une (nouvelle) dégradation des ratings de Pemex, selon le Financial Times.
« Cela va faire sans doute gagner un peu de temps à Pemex, tout en n’évitant pas une dégradation des ratings d’ici la fin de l’année », a expliqué au quotidien britannique, Yerlan Syzdykov, responsable mondial pour les marchés émergents chez Amundi Asset Management.
Le nouveau business plan de Pemex ne change pas la perspective négative que nous avons sur les ratings de l’entreprise, a déclaré à Reuters, Peter Speer, analyste suivant la valeur chez Moody’s, même si cela a le mérite de donner plus d’explications sur l’ampleur du soutien du gouvernement. Speer a ajouté qu’une perspective négative impliquait une dégradation possible du rating d’ici six mois à un an.
Début juin Fitch Ratings a fait tomber la note de Pemex en catégorie « spéculative », en l’abaissant d’un cran, à « BB+ » contre « BBB- ». Ici aussi, la perspective associée à la note est négative.
Sur le marché obligataire, l’obligation Pemex 3,5% - 30 janvier 2023 libellée par coupures de 10.000 dollars s’échange aux alentours de 94,45% du nominal, ou un rendement de 5,24%.
En euro, l'obligation Pemex à échéance 24 novembre 2022 et au coupon de 2,55%, se traite à 98,10% du nominal, l’équivalent d’un rendement de 3,10%.