Alors que le Venezuela devra rembourser d’ici quelques mois près de deux milliards de dollars d’obligations, le pays sombre dans le chaos politique et économique.
Ce lundi, en dépit de la fronde populaire, Nicolas Maduro a imposé son projet d’Assemblée constituante, sorte de coup d’Etat juridique qui lui donne pour ainsi dire les pleins pouvoirs.
Cette assemblée, composée pour bonne part de proches du chef de l’Etat, va diriger le pays pour une durée indéterminée et s'installera au siège du Parlement, dominé depuis 2016 par l'opposition réunie au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD).
Celle-ci craint que le chef de l'Etat ne se serve de cette assemblée pour réécrire la Constitution, dissoudre des institutions ou encore limoger des fonctionnaires appartenant à l'opposition.
La MUD, qui combat le pouvoir en place depuis des mois, a de nouveau appelé à manifester par l’intermédiaire de son dirigeant Henrique Capriles, soulignant que « la lutte entrait dans une nouvelle phase ». Une lutte qui a déjà fait plus d’une centaine de morts depuis le mois d’avril et une quinzaine durant ce week-end de scrutin.
Sanctions internationales
Pour l’heure, plusieurs pays d’Amérique du Sud se sont désolidarisés de la politique de Nicolas Maduro, au même titre que certains pays européens. De son côté, Washington a annoncé des sanctions à l’égard de 13 personnalités proches du chef de l’Etat, gelant leurs comptes bancaires et leur patrimoine aux Etats-Unis, et leur refusent tout visa pour voyager sur le territoire américain.
La situation pourrait toutefois être bien plus grave pour Caracas si les Etats-Unis, principal importateur de pétrole vénézuélien, décidait d'un embargo ou d’une taxe mirobolante sur l’or noir vénézuélien.
Pour rappel, le pétrole représente plus de 90% des exportations du pays et l’essentiel des rentrées nécessaires au bon fonctionnement de l’économie et du budget de l'Etat.
En outre, ces transactions constituent la principale rentrée en dollar et Petróleos de Venezuelas, la compagnie pétrolière nationale, doit rembourser début novembre un emprunt de 1,8 milliard de dollars.
Des rendements astronomiques
Dans ce contexte, l’obligation en question a perdu une dizaine de points ces derniers jours, se traitant à ses plus bas annuels avec un rendement qui dépasse les 140%.
L'obligation remboursable en février 2022, au coupon de 12,75% et négociable par coupures de 100 dollars, affiche pour sa part un rendement annuel de 39,51% sur base d’un prix indicatif acheteur de 45,43% du nominal.
En début de mois, Standard & Poors a dégradé à nouveau la note de la dette considérée comme « la plus risquée au monde » à CCC- avec une perspective négative. Selon l’agence d’évaluation financière, la probabilité que le pays fasse défaut sur sa dette dans les 12 mois à venir atteint 56%.
Le Fonds Monétaire International prévoit lui une contraction de 12% du PIB, alors que celui-ci a déjà chuté de 18% l’an dernier.