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Les banques centrales ont roucoulé

Publié le 22/09/2016 14:43
Mis à jour le 09/07/2023 12:32

La banque centrale japonaise a maintenu le taux de prises en pension à – 0,1%, mais réaffirme que tous les outils quantitatifs utilisés depuis 25 ans pourraient être remobilisés en cas de besoin.

Tout le monde sait que ça ne fonctionne pas… alors la BoJ tente de reprendre la main. Elle annonce sa volonté d’administrer de façon encore plus autoritaire la courbe des taux en maintenant la pression sur les taux courts et en fixant à « 0% » l’objectif sur les taux longs.

La BoJ décide tout simplement de contrôler le marché

C’est ce qu’elle appelle la mise en place d’un système de « contrôle de la pente de la courbe des rendements » qui la dispense de fixer un objectif quantitatif de rachats de titres, et devrait « inciter les détenteurs de dette à prendre des risques et à investir ».

La BoJ pense se libérer ainsi de la contrainte d’acheter un montant minimum d’actifs financiers chaque mois, tout en se ménageant la possibilité d’en acheter d’avantage.

L’idée sous-jacente, c’est qu’en fixant un objectif de taux, les marchés (qui n’ont aucune envie de défier la BoJ) se chargeront eux-mêmes de s’adapter et feront le boulot à la place de H. Kuroda.

Cela vous paraît un peu byzantin et vous ne voyez pas en quoi cela va relancer la croissance et l’inflation ?

Rassurez-vous : nous non plus ! En revanche, nous pouvons vous traduire le message de façon plus concrète : les marchés ne servent plus à rien, sinon à se conformer aux objectifs fixés.

Comme le disait Henry Ford dans les années 20 : « Les clients peuvent commander la Ford T de la couleur qu’ils souhaitent, du moment qu’ils choisissent le noir ».

Cette plaisanterie ne coûtait rien à personne tandis que la BoJ, elle, ne plaisante pas : les taux longs peuvent aller où ils veulent du moment qu’ils soient à zéro et ne dépassent plus ce seuil.

La fonction de fixation des prix dévolue aux marchés est donc réduite à néant – au moins, c’est clair, une fois pour toutes.

Ne jamais s’arc-bouter sur un objectif ; rester généreux !

L’autre grande nouveauté qui euphorise les marchés, c’est de constater que l’objectif d’inflation des 2% est abandonné.

Noooon… je sais ce que pensez, mais vous n’y êtes pas du tout !

Il ne s’agit pas pour la BoJ de faire preuve de réalisme et d’indiquer que « tendre vers 2% » suffirait à son bonheur ! C’est tout le contraire : la BoJ indique que 2% ne sera plus le seuil de déclenchement d’un resserrement monétaire.

La BoJ considère qu’elle peut accepter un niveau d’inflation légèrement plus élevé que ces 2% durant un certain temps pour compenser les années de déflation qui ont affecté les salaires et la courbe des taux !

Mais ce raisonnement, c’est une véritable bouffonnade ! C’est comme dire à un SDF : « Dès que vous aurez acheté votre hôtel particulier de 1 000 m² près des Champs-Elysées, nous vous autoriserons, parce qu’on vous aime bien, à construire une véranda de 100 m² côté jardin pour agrandir votre surface habitable ».

L’économie japonaise est un peu la SDF de l’inflation. Si déjà elle pouvait troquer ses cartons contre un lit et un repas garanti dans un espace chauffé, ce serait au-delà de ce qu’elle peut raisonnablement espérer dans le contexte actuel.

Haruhiko Kuroda n’a pas manqué (à l’image de Mario Draghi) de se ménager une parenthèse d’autosatisfaction, jugeant très positive la politique menée depuis 3 ans.

Vous objectez qu’elle ne produit aucun des résultats promis ?

Mal vous en prend : vous ne savez pas à quel point les choses seraient pires si la BoJ n’avait pas agi ainsi !

Dumb and Dumber

Heureusement, les marchés eux, l’ont bien compris : les indices boursiers se sont envolés hier de +2% à +3% au Japon et de +1,5% dans la foulée en Europe, avec un indice du secteur bancaire chauffé à l’incandescence (+6% à Tokyo, +3,5% en moyenne en Europe).

Raisonnement : ce que la BoJ vient d’annoncer, c’est forcément « du lourd », sinon les cours de bourse ne s’envoleraient pas de la sorte ! (Et voilà que nous replongeons tête baissée dans le syndrome de « la queue qui remue le chien » !).

Mais levez un peu les yeux, et regardez le ticker en haut de votre écran… celui qui vous indique la tendance sur les marchés de taux. Non, non, il n’est pas en panne ! Les cours sont bel et bien identiques à ceux de la veille (nos OAT à 0,2%, les Bunds à -0,01%)… mais attendez, ça paraît surréaliste : les taux à Japon 10 ans japonais se retendent de +4 points à -0,02% contre -0,06% (oui, vous avez bien lu) avant les annonces ébouriffantes de la BoJ !

Les marchés obligataires doivent être dans le coma… Sinon, pourquoi ne réagissent-ils pas à la merveilleuse nouvelle des taux longs fixés à 0% et au prolongement d’une politique monétaire ultra-accommodante quand bien même l’inflation dépasserait les 2% ?

Et pourquoi le yen ne décroche-t-il pas face au dollar comme lors du renforcement d’un QE ?

Eh bien… ils ne réagissent pas parce qu’il est difficile de leur faire prendre des vessies pour des lanternes et qu’il est impossible de manipuler les marchés de taux aussi aisément que les marchés actions : impossible d’acheter quelques contrats à terme en préouverture afin de déclencher des « stop-achat » et de faire courir les vendeurs.

L’escroquerie intellectuelle fonctionne peut-être avec les benêts qui ont coutume de se laisser manipuler par les éléments de langage des banques centrales (en réalité, ils se contentent de suivre aveuglément la tendance que les sherpas leur concoctent)… mais pas avec ceux qui manipulent des milliers de milliards d’équivalent dollars sur les marchés de taux et de change.

La véritable surprise est venue de la Fed

La Fed, de son côté, elle a certes laissé son principal taux directeur inchangé mais Janet Yellen a employé un ton bien plus colombe que prévu, consacrant beaucoup plus de temps à évoquer les points faibles que les points forts de l’économie américaine.

  • Elle ne décèle pas de renforcement des pressions inflationnistes (et donc du risque de se faire déborder par un dérapage des prix) dans le contexte actuel de croissance molle.
  • De trop nombreux voyants économiques demeurent faibles – notamment l’investissement et en particulier la productivité industrielle. Même si la consommation demeure robuste, bien d’autres facteurs invitent à ne pas se précipiter.
  • Si les Etats-Unis semblent proches du plein emploi, les pressions à la hausse sur les salaires restent très localisées et n’impliquent que de petits effectifs. La majorité des salariés continuent de se sentir frustrés.
  • Ce fut presque le mot de la fin de la conférence de presse et c’est ce que Wall Street a préféré retenir : la prochaine hausse de taux est repoussée au minimum à décembre, et les perspectives 2017 n’appellent pas à forcer l’allure en matière de normalisation.

L’année 2016 pourrait donc bien s’achever sans le moindre resserrement monétaire et ce sentiment s’est aussitôt traduit par un nouveau record historique du Nasdaq, à 5 299 points contre 5 280 début décembre. C’est une nouvelle démonstration éclatante de ce que la hausse de Wall Street s’alimente d’abord de la médiocrité de la conjoncture économique et des bas salaires.

Ce constat qui révolte l’intellect, et qui démontre que le capital est systématiquement récompensé au détriment de ceux qui créent la vraie richesse, pourrait effectivement se solder par une poussée du vote populiste…. Celui que symbolise Donald Trump et que les instituts de sondage sous-estiment largement, victimes du même tropisme que lors des enquêtes pré-Brexit.

A 5 300 points sur le Nasdaq et avec un VIX retombé vers 13,5 (-15,5% mercredi soir), Wall Street et la quasi-totalité des marchés financiers occidentaux sont au summum de la complaisance et absolument pas préparés à un vote qui déjouerait leur pari d’une facile victoire d’Hillary Clinton. Gare à la douche froide !

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