« Les mouvement spectaculaires des cours du pétrole créent de sérieux risques pour l’exécution du budget ».
Ces propos viennent de Dimitri Medvedev, le président du gouvernement russe, qui vient de demander à ses ministres des coupes supplémentaires dans leurs dépenses. Le budget russe doit être réduit de l’ordre de 10% puisqu’il avait été établi sur la base d’un baril de pétrole à 60 $.
De toute évidence, la Russie est trop dépendante au pétrole : l’or noir représente 70% de ses exportations et la moitié de son budget. C’est énorme et le krach pétrolier a des incidences sur l’ensemble de l’économie.
Le gouvernement envisage même de vendre une partie de ses participations dans le géant pétrolier ROSNEFT : on parle de vendre 19,5% sur les 70% détenus. Une mesure fortement symbolique prouvant que le pays, en cédant ses joyaux, n’a pas réellement de marges de manoeuvre… Un peu comme si une entreprise vendait l’une de ses usines pour financer son fonds de roulement, s’appauvrissant davantage.
La Russie risque-t-elle de basculer dans une crise financière semblable à celle de 1998 ?
Pour rappel, à cette époque, le pays avait dévalué le rouble de 200% (le passant de 7 à 21 par USD) et avait fait défaut sur sa dette.
Le problème est tout aussi sérieux en ce moment.
Les investisseurs mondiaux se défient de la Russie, entraînant de forts mouvements sur la Bourse et sur la devise, confirmant la réelle inquiétude des investisseurs sur le pays. Les BRICS se cassent bel et bien, et la Russie rejoint le Brésil qui est en pleine récession.
Le dollar flirte aujourd’hui autour des 79 roubles, son record historique, la devise russe chutant de plus de 21% en un an… et de 166% en 2 ans. La dévaluation de la devise russe bat son plein et nul ne sait où elle peut s’arrêter.
L’indice RTS de la Bourse de Moscou s’est également effondré, au même rythme que le pétrole. L’indice perd 54% depuis la mi-2014 et 40% depuis le mois de mai 2015. Le support qui pourrait permettre aux cours de rebondir se situe autour des 550 / 500 points.
2015 a été cauchemardesque sur le plan macro-économique : les ventes de voitures neuves on reculé de 36%, et le PIB a chuté de 3,7%, clairement en territoire négatif, entérinant la récession russe également. 2016 promet d’être également difficile : on attend un nouveau repli de 0,8% de la croissance et une baisse de 5% des ventes de voitures. Vous le voyez, le panorama est loin d’être glorieux.
La chute du pétrole a entraîné un appauvrissement général du pays et la forte inflation liée notamment aux sanctions internationales (12,9% l’an dernier et sans doute 15% anticipé en 2016) érode le pouvoir d’achat des Russes. (Sur le sujet, voyez l’analyse de Philippe Béchade sur la manière dont la Russie réagit à ces sanctions internationales….)
Il y a plus de 20 millions de Russes qui vivent avec un revenu inférieur à 140 $ par mois ! Certes, le pays est tenu et il n’y a pas de risque de mouvements sociaux pour le moment… Mais de manière ciblée, on voit quelques mouvements émerger : les camionneurs commencent dans le pays à entamer des mouvements de grève pour cause de taxe Platon, une taxe routière imposée aux camions de plus de 12 tonnes. Or, le transport routier est en baisse de l’ordre de 10% sur 2015 et pourrait encore fortement reculer cette année.
Enfin, en synthèse, je pense que vous m’avez compris : on ne va pas sur la Russie en ce moment, et de la même manière qu’on évite les entreprises trop positionnées sur les émergents, on évite toutes celles qui sont trop positionnées sur la Russie.