Ce n’est certes pas la première fois que Standard & Poor’s sollicite le marché obligataire, mais l’opération fait toujours sourire. Plus habituée à noter les émetteurs, l’agence de notation américaine vient de placer deux nouveaux emprunts en dollar.
Standard & Poor’s, qui compte 21.000 employés à l'échelle du globe, a profité elle aussi de conditions de marché attractives pour se refinancer à bon compte.
Il ressort de l’opération des obligations remboursables dans dix et trente ans, rémunérées respectivement par des coupons de 2,50% et 3,25%. Accessibles par coupures de 2.000 dollars, elles se traitent pour l’heure, à un cours relativement proche du pair.
Le produit de l’émission (1,1 milliard de dollars), contribuera notamment à financer une offre de rachat sur un emprunt existant à maturité 2037 et au coupon de 6,50%. En d’autres termes, Standard & Poor’s peut se financer aujourd'hui à des taux nettement plus avantageux que par le passé.
L’avis de Moody’s sur sa concurrente...
Que pensent les agences de notations à l’égard de leur consœur ? Pour ne citer que Moody’s, elle considère la dette émise par Standard & Poor’s comme de bonne qualité, en regard de son rating « A1 ».Dans un rapport justificatif, l’agence met en avant la position de leader du secteur de Standard & Poor’s, ainsi que ses perspectives de croissance et son pouvoir de tarification.Moody’s ajoute que le modèle économique de Standard & Poor’s est générateur de flux de trésorerie solides, de marges élevées, sur fonds de dépenses en capital limitées.
Une hégémonie accrue
Dominé par Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, le marché de la notation des entreprises et des Etats est plus que jamais concentré.
Paradoxalement, les trois agences ont en effet renforcé leur hégémonie depuis la crise des « subprimes », crise qui avait pourtant sérieusement écorné leur image et mené à des dédommagements.
Selon une étude de l’autorité européenne des marchés financiers (ESMA), le « big three » détiendrait ainsi 93,4% des parts du marché, contre 87% il y a sept ans.
Malgré l'émergence de nouveaux acteurs, il semble que les émetteurs et les investisseurs continuent de privilégier des agences disposant d’une couverture mondiale et qui disposent à la clé, de plus d'un siècle de recueils d'informations financières, d'analyses et d'expérience.