La perspective d'une vente importante d'obligations de l'UE au cours des prochaines années dynamise le marché européen des obligations d'État après que le début des obligations SURE en octobre a été massivement sursouscrit avec 233 milliards d'euros d'offres pour les 17 milliards d'euros disponibles.
Dans l'intervalle, près de 40 milliards d'euros d'obligations soutenant l'aide d'urgence de l'UE en matière de chômage ont été vendus. Le compromis de décembre sur le cadre budgétaire de l'UE a permis d'émettre des obligations pour financer le plan de relance économique de 750 milliards d'euros, tandis que 60 milliards d'euros supplémentaires sont disponibles pour le programme SURE.
Les volumes d'échange d'obligations de l'UE sont désormais un multiple de ce qu'ils étaient, avec un tirage égal à celui de la France ou de l'Italie. Ce marché robuste a le potentiel de créer une alternative aux bons du Trésor américain, si ce n'est un rival. Les écarts entre les cours acheteur et vendeur des obligations de l'UE se sont considérablement réduits grâce à la liquidité supplémentaire.
Le boom des obligations modifie la forme du marché
Toutefois, les obligations de l'UE en circulation ne représentent qu'une fraction des obligations allemandes. L'obligation de référence actuelle en Europe est également revenue en force après qu'une sécheresse de la politique d'équilibre budgétaire de Berlin a fait place à une vague d'emprunts induite par la pandémie auprès de la plus grande économie européenne.
En 2020, les emprunts de l'Allemagne ont atteint plus de 400 milliards d'euros, un record et près du double du plan initial pour l'année.
Pour 2021, les émissions s'élèveront à près de 500 milliards d'euros, avec un léger penchant pour les instruments du marché monétaire à court terme, mais avec près de 230 milliards d'euros en billets et obligations d'une durée de deux à trente ans.
Le boom des obligations est également en train de modifier la forme du marché. Tout d'abord, il entraîne le retrait des banques européennes des marchés primaires, qui obligent les banques à organiser des adjudications publiques et à soutenir le marché secondaire. Il s'agit d'une activité marginalement rentable pour un secteur bancaire qui souffre déjà de marges réduites.
Le nombre médian de négociants principaux par pays est passé de 20 à 16 au cours des cinq dernières années, selon l'Association pour les marchés financiers en Europe. L'émission d'obligations d'État ayant presque doublé au cours de l'année écoulée, l'activité commerciale qui s'en est suivie a également rendu plus rentable l'activité de négociant principal.
Les bons du Trésor restent le marché obligataire le plus important et le plus profond
Les bons du Trésor américain restent toutefois le marché obligataire le plus important et le plus profond, et rien en Europe ne pourra l'égaler dans un avenir prévisible.
Lorsque les responsables de la Réserve fédérale se sont montrés très discrets la semaine dernière sur la question de la réorientation des achats d'obligations vers des échéances plus longues, les analystes ont commencé à prévoir une hausse des rendements et une accentuation de la courbe des taux.
L'arrivée des vaccins COVID-19 et le boom économique attendu ont même ravivé les discussions sur l'accélération de l'inflation. Ces deux phénomènes sont à la baisse pour les bons du Trésor, car les investisseurs vont se détourner des obligations refuges et exiger des rendements plus élevés.
Les prévisions pour le rendement des bons du Trésor à 10 ans de référence vont jusqu'à 1,6 %, contre moins de 0,95 % actuellement, après des gains de moins de 0,9 % à la nouvelle que le Congrès avait approuvé une nouvelle série de mesures de relance budgétaire.
Le point mort d'inflation à 10 ans - une mesure des attentes dérivée de la différence entre le rendement à 10 ans et celui à 10 ans protégé contre l'inflation - est passé à 1,95 %, son plus haut niveau en un an et demi.