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Les politiques publiques propulsent les commodities à la hausse

Publié le 01/03/2021 13:21
Mis à jour le 09/07/2023 12:32
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Suite à l’explosion des prix des matières premières et aux nombreuses annonces de la Fed, les marchés semblent repartis avec l’inflation comme ultime rampe de lancement. Notre expert Philippe Béchade revient sur l’actualité boursière de la semaine.

La hausse du prix des matières premières des neuf derniers mois de l’année 2020 a été attribuée à l’avidité de Pékin. Avec son économie repartie sur une pente de 7,5 à 8%, le premier pays qui a réussi à se débarrasser du Covid-19 atteint le même taux de croissance que celui attendu de l’Inde en 2021.

La Chine aurait mis la pression sur les principaux groupes sidérurgiques mondiaux dont les chaînes de production avaient été arrêtées plusieurs semaines ou plusieurs mois au gré des confinements successifs. Un phénomène identique s’observe dans le secteur des semi-conducteurs avec une pénurie de puces. Principal composant des industries téléphonique et automobile, ces dernières ont vu leur prix quasiment doubler – presque 80% de hausse.

Depuis fin mars 2020, avec le basculement majeur amorcé vers la production de véhicules électriques, le cours du nickel a bondi de 70% à 1 475 $, atteignant un nouveau record absolu.

Cependant, la vélocité la plus impressionnante concerne les cours de l’acier depuis novembre 2020 : avec une augmentation de 50%, son prix s’affiche à 115/165 $. Et les cours du cuivre et de l’étain ne sont pas en reste : ces huit dernières semaines, ils ont connu une flambée de 25% (et ce, après une hausse de 75% d’avril à décembre 2020). Cela préfigure un boom du BTP aux Etats-Unis.

Les métaux précieux suivent la tendance
Depuis fin mars 2020, les métaux précieux ont continué leur ascension (le cuivre et le platine affichent +110%, l’argent +150%). En globalité, l’indice des métaux affiche une hausse de 80% en 11 mois.

Pour rappel, la hausse ne s’est enclenchée que deux semaines après le « all-in » monétaire des banques centrales occidentales, alors même que les Etats-Unis et l’Europe – à l’exception de l’Europe du Nord – étaient encore quasiment à l’arrêt complet.

En ce qui concerne le CRB (toutes les matières premières et l’énergie), la chute du cours du pétrole a retardé son décollage à fin avril. Or, cela ne l’a pas empêché de prendre 60% depuis.

Plus spectaculaire encore, en six mois, le coût du transport maritime a explosé, parfois par quatre pour les conteneurs. Du 15 mai au 6 octobre 2020, le BDI s’était envolé de 400 à 2 100 points. Et il se négocie encore à plus de 1 850 points. Toutefois, il n’est pas question de se faire peur, puisque le BDI reste loin de son plus haut niveau des 11 800 points de fin mai 2008, ou des 2 500 points de début septembre 2019.

Les banques centrales font tapis !
Avec la divulgation mi-juillet dernier des premiers plans de relance de Joe Biden – plan de relance de 2 000 Mds$, plan d’accompagnement de la transition énergétique, rénovation des infrastructures, etc. –, la donne a changé.

En effet, les achats se sont encore accélérés avec l’imminence de l’adoption du plan de 1 900 Mds$… mais aussi et surtout en anticipation du « coup suivant ». Beaucoup s’attendent à un nouveau plan de 2 000 Mds$ – et certains vont même jusqu’à évoquer 3 000 Mds$ – pour l’installation à grande échelle de bornes de chargement rapide pour les véhicules électriques, la rénovation des infrastructures (routes, réseau électrique) puis la remise à niveau de la production énergétique (gaz, pétrole), surtout après l’épisode sans précédent de la vague de froid qui a paralysé le Texas à la mi-février.

Il fait peu de doute que près de 4 000 Mds$ vont être injectés dans l’économie américaine d’ici à cette fin d’année, et voilà que les anticipations de croissance 2021 aux Etats-Unis s’envolent déjà. De 3,2% pour l’OCDE fin décembre à 4,2% pour la Fed, puis 5% pour le consensus moyen des grandes banques américaines. Et Morgan Stanley (NYSE:MS) parie même sur 6,4%, alors que les revenus des ménages américains ont explosé de 10% en février.

Et l’or dans tout ça ?
Une croissance de 6,4% expliquerait cette demande de métaux industriels excédant largement l’offre des grands trusts miniers. Compte tenu des capacités d’extraction et de raffinage qui ne sont pas encore revenu aux niveaux d’avant crise, cette croissance potentielle expliquerait en grande partie la vague spéculative des dernières semaines.

La surabondance monétaire, la chasse au momentum sur les dérivés faisant le reste, il est impossible de ne pas remarquer le parallèle saisissant entre le prix des « commodities », les anticipations inflationnistes et la flambée du rendement des T-Bonds (vers 1,61% le 25 février). Pas assez industriel et surtout pas assez risqué, l’or en a été pénalisé.

Associé à cela, la simultanéité spectaculaire du rally des « commos » et des taux a toutes les caractéristiques d’une fin de vague spéculative de court terme. Cela devrait donc se calmer, ce qui permettra vraisemblablement à l’or de préserver le support des 1 700 $.

A moyen terme, la différence est faite, tant sur la trajectoire des taux (sortie de canal baissier long terme) que des matières premières industrielles. L’indice des métaux (DJ Commodity Industrial Metals) vient de pulvériser de 14% son précédent zénith des 150 points de début avril 2018 (qui devient support), pour culminer à 171 points. A suivre donc…

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