Investing.com - Plus tôt cette année, Facebook (NASDAQ:FB) a réuni un consortium d'entreprises pour développer une cryptomonnaie open-source appelée Libra. Facebook ne possède pas Libra, mais elle a déclaré qu'il offrirait Libra comme option de paiement pour son nouveau portefeuille numérique Calibra, puis intégrerait cette fonctione de paiements dans Messenger et WhatsApp.
Facebook prétend que le Libra simplifiera les transactions de paiement effectuées par environ 1,7 milliard de personnes non bancarisées dans le monde, mais les critiques et les régulateurs soutiennent que la crypto pourrait être utilisée pour le blanchiment d'argent et à d'autres fins illicites. Ils croient également que les récentes débâcles de Facebook en matière de sécurité et de protection de la vie privée en ont fait une plateforme peu adaptée aux paiements numériques.
Or, les membres du consortium Libra prennent ces préoccupations au sérieux. Visa (NYSE:V), Mastercard (NYSE:MA), PayPal, Stripe, eBay et MercadoLibre ont récemment quitté l'alliance et jeté de sombres nuages sur l'avenir du projet de Facebook.
Le responsible de Calibra, David Marcus, a tweeté que les départs n'étaient pas "de bonnes nouvelles à court terme" mais a insisté sur le fait qu'ils étaient "libérateurs". Marcus n'a pas dit grand-chose de plus sur l'avenir du Libra, mais on est désormais en droit d'imaginer que Facebook puisse abandonner ce projet.
Nous vous proposons donc dans cet article 4 arguments en ce sens :
Un grave problème de confiance entache l'image de Facebook
Avant l'annonce officielle du Libra sur Facebook, LendEDU a interrogé 1 000 adultes en mai sur l'entrée potentielle du réseau social sur le marché de la cryptomonnaie. Seulement 18 % ont déclaré qu'ils seraient intéressés pour utiliser une crypto-monnaie Facebook.
À la suite de l'annonce de Facebook en juin, un sondage mené par CivicScience auprès de 1 799 adultes américains a révélé que 77 % des répondants ne faisaient toujours pas confiance à Facebook pour leurs données personnelles. Il a également constaté que 40 % faisaient plus confiance au bitcoin qu'au Libra.
Les récentes pertes de Facebook de partenaires clés comme Visa, Mastercard, PayPal et eBay indiquent également que les entreprises ne font pas confiance aux ambitions à long terme du réseau social, qui pourrait au final transformer Messenger et WhatsApp en plateformes de paiement rivales.
Le Libra fournira une nouvelle raison aux organismes de réglementation de s'en prendre à Facebook
Facebook a déjà été condamné à une amende de 5 milliards de dollars par la Federal Trade Commission plus tôt cette année pour ses problèmes de confidentialité et de sécurité. Au-delà de cela, les législateurs américains des deux parties restent fermement opposés au Libra ; la France et l'Allemagne se sont engagées à empêcher la crypto-monnaie d'entrer en Europe ; et les réglementations actuelles en matière de crypto la tiennent à l'écart de l'Inde, un marché en pleine croissance pour les paiements numériques.
Par conséquent, persister vers un lancement en 2020 pourrait attirer plus de questions réglementaires et d'amendes - ce qui limiterait la croissance des résultats financiers de Facebook. Marcus a récemment déclaré qu'il voyait encore " le Libra confrontée à des problèmes d'acceptation par les utilisateurs plus importants que les problèmes réglementaires ", mais au final il semble que ni les consommateurs ni les régulateurs ne soient désireux d'adopter la crypto de Facebook.
Le Libra représente un risque financier pour Facebook
La marge d'exploitation de Facebook a chuté de 44% à 27% entre les deuxièmes trimestres de 2018 et 2019. Plusieurs vents contraires ont causé ce déclin: son ralentissement de la croissance aux États-Unis et au Canada, ses deux marchés les plus rentables, sa dépendance croissante à l'égard de marchés moins rentables, les coûts de l'expansion de son écosystème dans des marchés adjacents comme la réalité virtuelle et le matériel informatique, et les coûts juridiques croissants liés à ses problèmes de sécurité et de protection des renseignements personnels.
Facebook a généré plus de 98 % de son chiffre d'affaires grâce aux publicités du trimestre dernier, mais il continue à investir de l'argent dans des projets parallèles spéculatifs comme Calibra. Facebook ne divulgue pas le montant d'argent qu'il consacre à ses efforts liés au développement de sa crypto-monnaie, mais il s'agit probablement d'une somme importante, qui pourrait être mieux affectée à ses activités publicitaires principales.
Acheter une société de paiement numérique semble être une meilleure option
En juillet dernier, Jim Cramer, célèbre animateur financiers de CNBC, a suggéré que Facebook abandonne Libra et achète plutôt la société de paiements numériques Square (NYSE:SQ). Cramer a affirmé que Facebook pourrait acheter Square pour 70 milliards de dollars, "accéder au réseau de paiement de Square dans le monde entier", et transformer l'application Cash de Square en "Facebook Cash".
C'est une idée audacieuse, mais le prix évoqué par Cramer, plus de 30 fois le revenu ajusté de cette année, semble bien trop élevé. Facebook aurait également besoin de financer une partie de l'opération avec des actions ou plus de dettes.
Mais Facebook peut aussi faire le tour des petites plateformes de paiement et les intégrer dans Messenger et WhatsApp. Relier ces plateformes aux cartes de crédit et aux comptes bancaires compléterait les efforts de Facebook en matière de commerce électronique avec un minimum d'agitation réglementaire.
En conclusion
La percée de Facebook sur le marché de la crypto-monnaie est une intention ambitieuse, mais n'est pas exempte de risques. Au lieu de lancer une nouvelle plate-forme de paiement numérique, Facebook devrait plutôt sécuriser sa plate-forme, s'attaquer aux fake news et à ses problèmes de confidentialité, et repenser ses projets spéculatifs comme les casques VR et les écrans intelligents.
Les principaux partenaires de Facebook pour le Libra se rendent compte que le navire coule, il est donc temps pour le géant de la technologie d'abandonner lui aussi ce projet et de se concentrer sur les questions les plus urgentes.