Il n’y a pas que sur le terrain de la croissance et du chômage que l’écart se fait grandissant entre l’Allemagne et la France. Sur le marché des taux d’intérêt aussi, l’écart se creuse entre les deux grandes puissances européennes.
Depuis quelques mois, le spread, c’est-à-dire la différence de rendement proposé par les obligations françaises et allemandes à dix ans, s’est en effet creusé, passant de 10 points de base en septembre à 50 points de base actuellement.
Plus inquiétant sans doute pour l’Hexagone, le spread avec les pays plus fragiles de la zone euro tels que l’Espagne et l’Italie s’est lui, rétréci.
En d’autres termes, ces dernières semaines, les investisseurs ont vendu proportionnellement davantage d'OAT françaises que n'importe quel autre emprunt européen.
Marine Le Pen en ligne de mire
Il semble que ce soit essentiellement l’élection présidentielle 2017 et la perspective d’une éventuelle victoire de Marine Le Pen qui ait provoqué ces ventes massives d’obligations souveraines françaises.
Car même si les sondages prédisent une victoire aisée de François Fillon en cas de confrontation avec la candidate d’extrême droite au second tour, depuis le triomphe inattendu du « Brexit » et de Donald Trump, les investisseurs préfèrent ne plus exclure aucun scénario.
Par ailleurs, alors que la BCE a annoncé qu’elle allait diminuer de 80 à 60 milliards d’euros ses rachats mensuels d’emprunts souverains, les marchés commencent également à accorder davantage d'attention aux risques individuels des pays, ce qui entraîne une divergence accrue des coûts d'emprunt au sein de la zone euro.