Christine Lagarde, directrice du FMI, a évoqué hier que Madrid pourrait bénéficier d’un nouveau délai afin de poursuivre ses efforts en matière de réduction des déficits budgétaires. Dans le même temps, l’Union européenne semble adopter la même politique de tolérance. Le 26 avril, le gouvernement de Mariano Rajoy présentera à la Commission européenne son projet pour les trois prochaines années.
Ce programme doit contenir les réformes structurelles que mènera le gouvernement pour s’approcher de ses objectifs. En 2012, l’Espagne a réussi à diminuer son déficit à 7% de son PIB, contre un objectif fixé à 6,3%. L’objectif pour 2013 est de 4,5%. La plupart des analystes estiment que Madrid est incapable de fournir une telle feuille de route pour les trois prochaines années d’ici le 26 avril.
Christine Lagarde a déclaré hier « Etant donnés la situation du pays et les efforts accomplis, ainsi que le taux de chômage actuel de 26%, nous pensons que l’assainissement budgétaire est une nécessité, mais nous ne voyons pas pourquoi il faudrait le mener aussi brusquement que ce qui a été initialement prévu ». Ces reports successifs, comme en Irlande, remettent en cause, partiellement, l’intérêt de ces objectifs souvent jugés comme « inatteignables » par les Etats concernés.
Les réformes que présentera Mariano Rajoy doivent porter sur la fiscalité espagnole, sur l’amélioration du marché de l’emploi ainsi que sur la réduction du poids de l’administration publique. Mais Rajoy doit également jongler sur un aspect trop souvent ignoré : celui des élections législatives espagnoles qui auront lieu en 2015. L’équation est complexe, comment tendre vers les objectifs fixés sans risquer de perdre les prochaines élections ?
En l’occurrence, l’économiste Javier Diaz-Gimenez estime que Rajoy fera le strict minimum en matière de réduction des déficits durant les trois prochaines années pour ne pas vexer son électorat. Cette conduite est d’avance critiquée par Bruxelles qui encourage Rajoy à utiliser autant que possible la majorité absolue dont il bénéficie au Parlement espagnol pour faire valider facilement et rapidement les réformes nécessaires au pays.
Rajoy a d’ores et déjà annoncé la teneur de son projet : les réformes présentées porteront essentiellement sur la relance de la croissance via une baisse de la fiscalité des PME. Des refontes du secteur de l’énergie et du système des retraites sont également annoncées par Madrid. Autre facteur à entrer en jeu, l’ensemble des 90 mesures de rigueur validées l’année dernière par Madrid ne sont pas encore toutes entrées en vigueur.
Bruxelles estime déjà que si Madrid ne fait pas plus d’efforts, sa dette deviendra insoutenable pour les cinq à dix ans à venir. Par ailleurs, l’émergence d’une crise politique, différente de celles que nous évoquions dans nos précédentes analyses pour le Portugal et l’Italie n’est pas à exclure. En effet, Rajoy lutte actuellement contre les 17 communautés autonomes espagnoles, dont la Catalogne. Ces régions espagnoles refusent, en l’état, de mettre en œuvre les coupes budgétaires imposées par Madrid.
Selon les estimations du gouvernement, l’Etat fédéral perdrait 4,8 milliards d’euros de recettes faute de mise en œuvre de ces mesures par les communautés frondeuses. La Catalogne représente notamment 20% du PIB espagnol et sa population est, plus qu’ailleurs en Espagne, animée par un réel désir d’indépendance face à l’Etat fédéral. D’ici 2014, un référendum sur l’indépendance de la Catalogne doit être organisé par son prédisent Artur Mas.
XTB France
X-Trade Brokers DM S.A. fournit uniquement un service d’exécution d’ordre. Les informations de marchés et les analyses fournies restent à titre indicatif et ne doivent pas être interprétées comme un conseil, une recommandation ou une sollicitation d’investissement. X-Trade Brokers ne peut être tenu responsable de l’utilisation qui en est faite et des conséquences qui en résultent, l’investisseur final restant le seul décisionnaire quant à la prise de position sur son compte de trading XTB.