Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Réunie ce week-end à Alger, l’OPEP a finalement décidé de ne pas accroître sa production « à la demande ». Un désaveu pour Donald Trump, qui revendique son amitié avec le roi Ben Salmane, mais qui a rappelé, avec la subtilité qu’on lui connaît, que « les pays producteurs du Moyen-Orient sont sous la protection des Etats-Unis » et que « l’Amérique s’en souviendra ».
Le ministre saoudien du pétrole Khalid al-Falih ne s’est pas pour autant laissé intimider et il a clairement affirmé que l’OPEP écartait une politique d’ajustement de sa production en l’état actuel de la demande, et de celle anticipée ces prochains mois.
C’est l’Algérie, organisatrice du sommet, qui s’est montrée la plus intransigeante en matière de refus d’une hausse des quotas. De son côté, l’Iran a rappelé que ce sont les sanctions qui la frappent depuis cet été (embargo américain) qui sont la cause de la hausse des cours observée depuis de la dénonciation unilatérale de l’accord sur le nucléaire par les Etats-Unis.
Quant au ministre russe de l’Energie Alexander Novak, qui n’a aucune raison de se montrer conciliant avec les Etats-Unis, il a confirmé que son pays n’ouvrira pas le robinet et s’en tiendra aux accords d’Alger.
La production de pétrole de l’Irak s’est envolée
Rappelons que la Russie, qui n’est pas membre de l’OPEP, produit avec 11,5 millions barils par jour autant de pétrole que l’Iran, le Nigéria, le Venezuela, l’Algérie et l’Équateur réunis (l’OPEP compte pour environ 42,5% des ventes de pétrole mondiales, mais avec l’apport de la Russie, la barre des 50% est allègrement franchie). Elle n’est devancée que par les Etats-Unis, dont la production vient de franchir la barre des 14 millions de barils par jour.
C’est en fait l’Irak qui connaît actuellement le plus fort taux d’accélération de sa production, celle-ci étant passée d’un peu plus de 1,5 millions de barils par jour à plus de 4,5 millions depuis l’élimination de Saddam Hussein. Dans les faits, c’est donc elle qui a désormais le véritable potentiel de jouer le rôle de « swing producer » à la place de l’Arabie Saoudite.
Mais là aussi, les Etats-Unis n’ont plus vraiment la main puisque le pouvoir en Irak est désormais aux mains des chiites, qui ne sont clairement pas des alliés de Donald Trump.
Ne cherchez pas plus loin pourquoi le WTI prend +1,5% à New York et franchit le cap des 71,5$ le baril.