Oui, depuis des semaines (5 pour être précis), les indices US enchaînent les records absolus. Le Dow Jones en a même inscrit un, hier, le 17ème (et 6ème consécutif) peu après la diffusion du communiqué de la Fed, qui vient donc de relever son taux directeur de 0,50% à 0,75%.
Janet Yellen estime-t-elle qu’il y a un risque (minuscule bien sûr) que cet emballement haussier contienne l’ébauche d’un soupçon de début de commencent de bulle boursière ?
Et bien voici ce qu’elle a déclaré : les actions viennent de retrouver un niveau de valorisation normal !
Euh… les PER viennent de battre leurs records de l’an 2000 (secteur dot.com excepté) à plus de 25 sur le S&P 500. Depuis quand et comment des excès comparables seulement à 1929 et l’an 2000 sont-ils devenus une norme ?
Mais tant que cela ne sortira pas de la bouche d’un patron (ou d’une patronne) de banque centrale…
Certaines juxtapositions finissent cependant par donner le tournis : la Fed affirme que ses prévisions économiques (croissance et inflation) sont inchangées par rapport à septembre, la dynamique des prix se rapprochant lentement de l’objectif des 2%. Mais globalement, il n’y a pas d’accélération de l’activité puisque le PIB anticipé en 2017 serait de +2,1% (il se situe actuellement 100 points au-dessus), en intégrant les « trumponomics » (déficit budgétaire + baisses d’impôts + dérégulation bancaire).
Le plus troublant, c’est que la Fed semble évaluer l’effet Trump à zéro par rapport au rythme de croissance actuel alors que le futur Président promet un retour à la tendance historique des 3,5% d’ici 12 à 18 mois.
Mais alors, si rien ne fait rien, pourquoi modifier les taux ?
Probablement pour ne pas prendre le contrepied des anticipations du marché. L’autre justification serait de se reconstituer tranquillement une marge de manoeuvre en 2017 (le marché anticipe 2 tours de vis et donc un taux directeur plafonnant vers 1,25% d’ici 12 mois) en cas d’éventuel pépin conjoncturel.
Mais quel genre de pépin guette Wall Street puisque le VIX, toujours proche de ses planchers historiques, valide un avis de ciel bleu pour 2017 ! Pas de Brexit à l’horizon, pas de Trump/trublion, pas de referendum italien pour jouer à se faire peur et alimenter des comportements défensifs, voire contrariens.
Les élections présidentielles et législatives françaises semblent déjà pliées, le programme Fillon a déjà été adoubé par le ministre des Finances allemand qui rempilera peut-être en cas de victoire électorale de la CDU d’Angela Merkel en septembre prochain (elle postule pour un 4ème mandat et s’impose déjà comme favorite des sondages). Ce sont autant d’hypothèses politiques psychologiquement confortables pour les marchés.
Alors qu’est-ce qui pourrait bien mal se passer l’an prochain ?
La baisse du Yuan (sous 6,90 USD), la fonte des réserves de change de la Chine ? Cela faisait encore frissonner en août 2015 ou en janvier dernier… mais plus personne ne s’en soucie depuis que Trump démontre son aptitude à renvoyer Pékin dans ses 22 d’un simple tweet.
La hausse du pétrole ? Elle devrait enfin redonner de l’oxygène aux pays émergent producteurs d’or noir, Russie comprise.
La bulle obligataire ? Rien à craindre : l’argent devra bien aller quelque part… et comme vous le savez, il n’y a pas d’alternative.
Une bulle boursière ? Pas de foules en délire à l’horizon, donc pas de bulle !
Ce sont donc dans tous les cas de figure les actions qui continueront de caracoler au nez et la barbe des produits de taux et surtout de l’or, doublement concurrencé par des rendements obligataires en progression et par des indices boursiers qui n’en finissent plus de battre des records.
Mais il y a une autre façon de voir la situation.
En l’an 2000, il fallait des millions de briquets pour porter la marmite des dot.com à ébullition… En 2016, les indices boursiers flirtent avec la stratosphère et selon des lois de la physique bien connues, la pression atmosphérique étant très faible à l’altitude actuelle des marchés, un seul briquet, celui de la banque centrale, suffira à mettre en ébullition n’importe quelle quantité de dot.trump. Et comme les banques centrales y vont carrément au lance flammes…