Boeing (NYSE:BA), le géant déchu de l’aéronautique américain, vient de lever 25 milliards de dollars sur le marché obligataire. Le groupe de Chicago a ventilé son émission en sept tranches, toutes libellées par coupures de 2.000 dollars et notées "BBB-" chez Standard & Poor’s.
En difficultés ces dernières années, suite tout d’abord au crash de plusieurs de deux 737 Max qui ont terni sa réputation, et par la pandémie qui décime les commandes d'avions et le transport aérien, Boeing est donc venu solliciter le marché des capitaux.
But de cette opération d’envergure : « permettre aux 17.000 sous-traitants et à Boeing de continuer à avoir accès à des liquidités ».
Cet emprunt de 25 milliards de dollars n’est autre que le plus grand de l’année. Sa contribution, au même titre que celles de la société informatique IBM (NYSE:IBM) ou de l’assureur en soins de santé Anthem (ex-Wellpoint) a d’ailleurs fait du mois d’avril 2020 le plus prolifique de l’histoire en termes de nouvelles émissions sur le marché de la dette "investment grade", après un mois de mars déjà pourtant record (259 milliards de dollars).
Au sein de cette émission multi-tranches, on trouve notamment une obligation que le concurrent d’Airbus s’engage à rembourser dans cinq ans et à rémunérer par un coupon de 4,875%.
Dès les premiers échanges, le titre était recherché avec un cours avoisinant les 101% du nominal pour se positionner à l’achat.
PDG de la société, David Calhoun s’est félicité du bon déroulement des opérations, soulignant que "la demande pour l’émission reflétait la conviction très forte du marché en la solidité de Boeing sur le long terme et plus globalement, celle de l'industrie aéronautique".
Le patron en a également profité pour saluer les élus, l'administration Trump et la FED, lesquels ont rétabli "un climat de confiance sur les marchés financiers, climat sans lequel cette levée de dette n'aurait pas été réalisable".
Plan d'économies
Dans le cadre du plan pharamineux de relance de 2.200 milliards de dollars voté par le congrès US, l’avionneur s’était pourtant vu réserver une coquette enveloppe de 17 milliards, en échange d’une prise de participation.
Mais alors qu’il a levé 25 milliards de dollars, soit plus que prévu, Boeing a fait savoir qu’il déclinait, jusqu’à nouvel ordre, la proposition et qu’il n’avait plus besoin de lever des capitaux.
Dans le cadre de la crise actuelle, certainement la plus importante de l’histoire du groupe, David Calhoun a déclaré qu’il faudrait plusieurs années pour retrouver un bilan comparable aux niveaux d'avant la crise du 737 Max et de la pandémie de Covid-19.
Le groupe a lancé à ce titre un vaste plan d’économies et a décidé de réduire les cadences de production de ses avions long-courriers civils (celle du 787 Dreamliner entre autres).
Egalement au programme, la suppression de 10% de ses effectifs mondiaux, soit +/- 16.000 emplois qui passeront à la trappe, sous forme de départs volontaires et des licenciements.
Boeing a clôturé les trois premiers mois de l’année sur une perte nette de 641 millions de dollars avec un chiffre d’affaires en repli de 25%. A consulter : le rapport trimestriel (en anglais).