Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Spécialiste de l’ameublement et de la décoration, Maisons du Monde (PA:MDM) (FR0013153541-MDM) vient d’essuyer une véritable tempête boursière. Le titre a en effet perdu 15% en un mois et accuse même un repli de l’ordre de 34% depuis le début de l’année.
Tout est parti des résultats 2017, qui ont été publiés début mars. Ils ont certes été plutôt corrects, avec par exemple une marge d’Ebitda de 13,7% et une progression organique des ventes de 7,4%. Les prévisions ont en revanche déçu, avec notamment une croissance attendue à « seulement » 10% cette année, alors que le consensus visait 13%.
Maisons du Monde a de nouveau été malmené fin juillet dans le sillage de ses comptes semestriels, avec en marge de l’annonce d’une croissance semestrielle de 9,8% une prévision d’augmentation annuelle des revenus ramenée à 8%. Un « sales warning » (ou avertissement sur chiffre d’affaires) imputé à un environnement plus que difficile que prévu en France et au décalage d’ouvertures de magasins de 2018 à début 2019.
En conséquence, certains fonds commencent à s’interroger sur le groupe. Fidelity est ainsi passé sous les 5% du capital au début du mois.
Pour autant, les fonds français présents au capital sont largement bénéficiaires sur ce dossier. Ils sont en effet entrés lors de l’IPO en mai 2016 à un prix de 17€ par action, ce qui leur permet d’afficher une plus-value de l’ordre de 50% aux cours actuels… Une performance plus qu’honorable et assez rare pour une introduction en Bourse, les moins-values étant devenues monnaie courante dans ce cas de figure, même après deux ans de cotation.
▶ Un groupe bien présent dans l’e-commerce et à l’export
En ce qui me concerne, je n’ai pas envie de basculer dans le catastrophisme car l’enseigne ne manque pas d’atouts… Pour commencer, elle est présente dans l’e-commerce, lequel pèse déjà 21% de son chiffre d’affaires global, beaucoup plus que les 12% de la moyenne du secteur. En outre, Maisons du Monde ne se cantonne pas au marché français et pousse de plus en plus ses pions à l’international, où la croissance est généralement plus vigoureuse et qui contribue à hauteur de 40% de ses revenus.
On ne peut certes exclure que le mouvement de défiance perdure sur le titre, peut-être jusqu’à la publication trimestrielle de novembre prochain, mais le fait est que l’action n’est plus chère, contrairement à la période où elle tutoyait les 40€.
Même en tenant compte d’hypothèses plus que conservatrices, j’obtiens en effet un PER inférieur à 13 sur 2019, un ratio objectivement attractif pour un groupe très rentable comme en témoigne son gearing de seulement 40% et son ratio de levier financier (NDLR : l’endettement net rapporté à l’Ebitda de seulement 1,5), très loin du niveau des 3 jugés dangereux pour la solvabilité d’une entreprise.
Faire le pari de Maisons du Monde aux cours actuels n’est donc pas déraisonnable, même s’il faut sans doute encore attendre une publication favorable pour qu’un « vrai » rebond boursier s’opère.
Et puis allez savoir : avec près de 80% de flottant, la société est plus que jamais OPAble…
Au vu de la qualité de ses fondamentaux, elle est susceptible d’intéresser de nombreuses enseignes. D’autant qu’après la baisse récente du titre, Maisons du Monde ne vaut plus que 1,1 Md€ en Bourse…