L’un des évènements les plus médiatisés de l’année dans le secteur de l’énergie se déroule cette semaine à Houston. La CERAWeek est une série de conférences organisée sur une semaine par IHS Markit, et qui rassemble les responsables et PDG du secteur ainsi que les plus puissants ministres de l’énergie.
De nombreux investisseurs surveillaient de près la réunion lundi matin entre Khalid al-Falih, le ministre de l’Energie saoudien, et Alexander Novak, le ministre de l’Energie russe, dans l’espoir d’obtenir des indications sur le prolongement ou non de la réduction de la production consentie par l’OPEP et d’autres pays non-membres du cartel. D’autres guetteront les pistes fournies par les entreprises de production de schiste américain sur leurs capacités à court terme et leurs projets de production. En revanche, l’information la plus importante pour les investisseurs pétroliers arrivera probablement jeudi, lorsque Scott Pruitt, le nouvel Administrateur de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis et Justin Trudeau, le premier ministre canadien (de gauche), partageront - séparément - la scène avec le fondateur de l’évènement, Daniel Yergin.
Leurs interventions pourraient renseigner les investisseurs sur le futur de la production de gaz et de pétrole en Amérique du Nord, car après des années de progrès technologique, la plus importante contrainte pour les producteurs de cette région réside désormais dans la régulation gouvernementale et les cours du pétrole. Si les prix du pétrole progressent et dépassent 60 $, l’étendue de la régulation étatique en Amérique du Nord deviendra le facteur décisif pour les niveaux des productions américaine et canadienne.
Justin Trudeau occupe son poste depuis près d’un an et demi et a dû faire preuve de prudence lorsqu’il s’agissait de l’énergie. C’est un homme politique de gauche, membre du parti libéral qui soutient les politiques relatives à la protection de l’environnement, mais il s’agit également du premier ministre d’un pays dont la croissance économique repose sur la production d’énergie à base de carbone. En 2010, lorsque les prix du pétrole avoisinaient 80 $ le baril, l’énergie comptait pour 22,5% des exportations canadiennes. Sans les exportations de pétrole, le Canada ne conserverait pas une balance commerciale positive. Trudeau est premier ministre depuis plus d’un an, mais il reste envisageable qu’il mette en place des réductions de production (par le biais de la régulation et de la législation), ce qui conduirait à une augmentation des prix à l'échelle mondiale.
Scott Pruitt, le nouvel Administrateur de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis est considéré comme favorable à la production d’énergie à base de carbone. Ancien procureur général de l’Oklahoma, un état riche en énergie, il a souvent pris part à de longues batailles juridiques en faveur de l’industrie énergétique et contre l’EPA, l’agence chargée de la protection de l’environnement qu’il dirige à présent. L’EPA sera-t-elle à présente plus complaisante lors de la délivrance de permis aux producteurs d’énergie, et ce durant les 4 prochaines années ? Des régulations environnementales plus légères aux États-Unis inciteraient les producteurs nationaux et étrangers à investir en Amérique et y développer les ressources énéergétiques américaines. Ce qui conduirait au final à alimenter le surplus de production du schiste américain et à provoquer une baisse des prix du pétrole.
Les politiques à venir de la nouvelle administration Trump et de l’administration Trudeau, pourraient, en définitive, grandement influencer le prix du pétrole.