Rebond du rouble et de la bourse de Moscou, le point sur le marché obligataire russe
Rassurés par l’accord de cessez-le-feu avec l’Ukraine et par la stabilisation des prix du pétrole, les investisseurs ont repris position sur les actifs russes, telles la devise et les actions. Sur le marché obligataire, plusieurs tendances sont observées.
Le rouble a repris jusqu'à 14% face au dollar au cours du mois de février. Il s'agit de la meilleure performance parmi 170 devises souligne Bloomberg.
L’indice RTSI de la Bourse de Moscou, libellé en dollars, affiche quant à lui un bond de 44% par rapport à son plus bas touché au mois de décembre. Malgré cette progression, l'indicateur affiche encore un ratio cours/bénéfice moyen de 5,9x, l’un des plus bas parmi les actions émergentes.
Toujours selon les données compilées par Bloomberg, les ETF (trackers) investissant dans les actions et les obligations russes ont enregistré des entrées nettes de capitaux de 222,2 millions de dollars en février, loin devant les autres marchés émergents.
« Les tensions géopolitiques s’atténuant, les investisseurs regardent à nouveau le marché russe avec intérêt » explique Andrey Shenk, analyste chez Alfa Capital à Moscou. « Cela ne signifie pas pour autant que les risques liés à la Russie ont disparu, les défis économiques sont toujours là » poursuit Shenk.
Pour Christin Tuxen, senio analyst chez Danske Bank Markets, « les sanctions à l’encontre de la Russie et la récente hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale vont sévèrement déprimer l’économie. Nous anticipons une contraction de 8% du PIB pour cette année ».
Marché obligataire à plusieurs vitesses
Depuis les sanctions décidées par les Occidentaux à l’encontre de Moscou, les sources de financement des entreprises russes se sont drastiquement réduites.
Le marché primaire corporate (d'entreprise) n’y échappe pas et est par exemple fermé à la plupart des émetteurs russes.
« Le marché reste moribond et les banques étrangères réduisent fortement leur exposition (à la Russie) », résume l’agence de notation Fitch Ratings. Dans un tel contexte, les banques russes devraient demeurer la principale source de financement pour ces entreprises. Les institutions financières domestiques, elles-mêmes tributaires de l'État et de la Banque centrale pour maintenir leurs capacités de prêts, vont leur permettre d’au moins de refinancer leurs dettes existantes, précise Fitch Ratings.
Sur le marché secondaire corporate libellé en euros ou en dollars, il n’y a en revanche aucune difficulté à trouver de la liquidité. Pour cause, aucune sanction ne frappe les investisseurs souhaitant acheter ou vendre des obligations d'entreprises russes. A titre d'exemple, l’obligation Gazprom (MCX:GAZP) libellée en dollars (8,625% - 2034) se traite de mercredi matin aux alentours des 104% du nominal.
Par contre, il est très difficile de se positionner sur des obligations libellées en roubles et la plupart d’entre elles sont illiquides. Chez Goldwasser Exchange, il est tout de même possible de trouver du papier sur certaines émissions comme celle de la EIB (6,75% - 2017) émise par la Banque européenne d'investissement ou encore l'emprunt de la EBRD (6,75% - 2017). A noter encore qu'il y a précisément 266 et 252 jours d'intérêts courus à débourser pour se positionner sur ces obligations.