Alors que les hydrocarbures représentent la moitié des rentrées budgétaires en Russie, la chute des produits pétroliers a laissé un trou béant dans les comptes du pays. Selon Alexeï Oulioukaïev, le Ministre russe de l’économie, la situation budgétaire ‘critique’ rendrait urgente la mise en œuvre de privatisations.
Début janvier, le ministre des Finances Anton Silouanov indiquait dans ce sens que le gouvernement était à la recherche de nouvelles entrées budgétaires, notamment via des privatisations qui pourraient rapporter 1.000 milliards de roubles en deux ans (11,6 milliards d'euros).
Selon le Courrier International, aucune cible concrète n'aurait été désignée pour l’instant. Lors d’une réunion tenue ce lundi, Vladimir Poutine a cependant rencontré plusieurs dirigeants d'entreprises publiques parmi lesquels la banque VTB, le pétrolier Rosneft, le diamantaire Alrosa, la société fédérale des chemins de fer RZD, la compagnie aérienne Aeroflot ou encore les chantiers navals Sovcomflot.
Le chef du Kremlin aurait dressé à cette occasion des conditions très strictes et incontournables pour une privatisation. En effet, pour Vladimir Poutine, l'Etat ne doit pas perdre le contrôle sur des entreprises stratégiques, les acheteurs doivent se situer sous juridiction russe et surtout, les actifs concernés ne doivent pas être vendus à prix bradé.
Tout cela dans un contexte où les marchés financiers russes sont minés par les prix du pétrole et les sanctions dues à la crise ukrainienne...
Ce n’est pas la première fois que des projets de privatisations sont annoncés avant d’être finalement remis à plus tard. En 2013, le gouvernement avait déjà mis en vente 19,50% du capital de Rosneft, avant de revenir sur sa décision. L’Etat russe possède 70% de Rosneft, lequel fournit 40% de la production russe de pétrole.
Situation sur le marché obligataire
Plusieurs entreprises russes susceptibles d’être privatisées sont présentes sur le marché obligataire. Rosneft a émis il y a quelques années une obligation remboursable en 2017. Rémunérée par un coupon de 3,149%, elle se traite à un cours indicatif de 99% du nominal, avec un rendement annuel de 4%. Il s’agit d’une émission libellée en dollar (coupure de 200.000), impliquant donc un risque de change. Standard & Poor’s note cette émission ‘senior non-sécurisée’ « BB+ » dans la catégorie spéculative.
En ce qui concerne les financières, l'obligation 6,551% - 2020 de la VTB Bank propose un rendement annuel de 5,90%, tandis que celui de l'emprunt subordonné (5,25% - 2023) de la Sberbank Capital dépasse les 7%.