La Russie dégradée dans la catégorie spéculative, le point sur les obligations d'entreprise
Standard & Poor’s vient de reléguer la note de la Russie dans la catégorie spéculative, attribuant un rating « BB+ » au pays dirigé par Vladimir Poutine, contre « BBB- » précédemment.
L’agence d’évaluation financière justifie sa décision sur base des mauvaises perspectives de croissance, alors que les autorités russes prévoient une récession qui pourrait atteindre 5% cette année, au cas où le pétrole, première source de revenus du pays, restait à ses niveaux actuels. Standard & Poor’s tient également compte des sanctions économiques occidentales, du niveau d’inflation de 10% et des marges de manœuvre réduites en matière de politique monétaire.
Par la même occasion, la Russie devient le seul État du groupe des pays émergents dit « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à voir sa dette placée dans la catégorie spéculative.
Cette relégation en catégorie spéculative écarte en outre mécaniquement le papier russe du portefeuille de certains investisseurs, ce qui pourrait contraindre Moscou à rembourser anticipativement plusieurs dizaines de milliards de dollars de dettes, selon l'AFP. La bourse de Moscou et le rouble ont d’ailleurs plongé suite au communiqué de presse de Standard & Poor’s.
Il s’agit donc d’un nouveau coup de boutoir pour l’économie russe, laquelle a subi l’année passée des fuites de capitaux record et qui a vu sa monnaie dégringoler face à l’euro et au dollar.
Les obligations d'entreprises russes sous pression
Sur le marché secondaire, les obligations d’entreprises russes ont accusé le coup à l'image de l’emprunt Gazprom 2034 par 10.000 dollars. Celui-ci traite à la mi-journée aux alentours du pair, contre un cours supérieur à 104% du nominal vendredi dernier. Son rendement atteint en conséquence 8,50%.
A l’instar de nombreuses compagnies russes, Gazprom subit également le contre coup de la chute des produits pétroliers. Sans oublier qu’elles doivent également composer avec les sanctions internationales dans le cadre du conflit russo-ukrainien. On pense à des entreprises comme Lukoil International Finance BV, dont l’obligation 3,416% - 2018 propose dorénavant du 8%. Toujours en dollars, l’emprunt Rosneft International Finance offre près de 10% sur une durée de huit ans.
En ce qui concerne les financières, l'obligation 6,551% - 2020 de la VTB Bank propose un rendement ancré au-dessus de la barre des 11%, tandis que celui de l'emprunt subordonné de la Sberbank Capital dépasse les 12%.