Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
En me baladant rue du Faubourg-Saint-Honoré samedi dernier, j’ai décidé de faire une petite halte chez Hermès (PA:HRMS) . Bien que nous ne soyons pas encore proches des fêtes de fin d’année, le magasin était noir de monde. Il y avait surtout beaucoup de touristes : des Asiatiques, des Américains et des Russes qui parlaient fort et tentaient de négocier le prix d’un sac. Paradoxalement, si les boutiques font toujours recette, le parcours boursier du titre semble hésitant depuis quelques mois. Depuis son plus-haut de 468€ du 24 avril dernier, il y a donc 5 mois tout pile, le titre a perdu 9% quand, dans le même temps, le CAC40 reste stable. Bien entendu, cette baisse n’est pour l’instant pas inquiétante, mais je voulais comprendre pourquoi le titre est dans cette pente descendante alors que le newsflow reste solide.
▶ Hermès affiche une rentabilité historique
Le premier semestre est de très belle facture : le chiffre d’affaires a progressé de 10%, à 2,7 Mds€, pour un résultat opérationnel de 12,6%, à 931 M€. Ainsi la rentabilité opérationnelle ressort au taux ahurissant de 34,3% – un plus-haut historique ! A titre de comparaison, LVMH (PA:LVMH) affiche une rentabilité opérationnelle de 18,5% quand Kering (PA:PRTP) dégage 17,5%… Et la prouesse est d’autant plus remarquable que, dans le même temps, le groupe a continué d’investir sur son développement ; notamment en Chine avec 105 M€. Il s’est également employé à muscler sa stratégie sur Internet. Aux Etats-Unis pour commencer, avec le lancement de son site de e-commerce dès octobre prochain et juste avant les lancements européen et asiatique courant 2018. Si vendre du luxe sur la Toile peut vous paraître saugrenu, le marché vous prouvera le contraire. Le cabinet Boston Consulting Group estime en effet que, sur ce segment, les ventes de luxe devraient passer de 7% à 12% d’ici à 2020. Voilà qui augure encore une belle rentabilité pour Hermès dans les années qui viennent.
Et puis, avec une trésorerie nette de 2,5 Mds€, sa force de frappe financière reste puissante.
▶ Alors pourquoi la Bourse n’achète pas Hermès ?
Sur les fondamentaux, c’est donc un sans-faute ; tout va bien pour le groupe. Pourtant, en Bourse, Hermès est loin de faire recette, les opérateurs boudent le dossier. Pourquoi ? En réalité, ils pricent le second semestre qui s’annonce moins dynamique que le premier – qui, en outre, bénéficiait d’un effet de change favorable. Désormais la hausse de l’euro risque de peser sur la seconde partie de l’exercice. L’euro étant fort face au dollar, et étant donné que Hermès réalise seulement 31% du chiffre d’affaires en Europe – contre 50% pour l’Asie et 19% pour l’Amérique du Nord – le résultat devrait être affecté lors de la consolidation de ses comptes.
Mais ce n’est pas la seule raison… Il faut également prendre en compte la valorisation du titre qui est chère, avec un PER nettement supérieur à 35 aux cours actuels. Pourtant, cela ne m’affole pas étant donné la qualité du dossier. D’expérience, la qualité se paye en Bourse (ce qui ne veut pas dire que toutes les sociétés ayant un PER élevé soient de qualité).
▶ Pas d’OPA sur Hermès
Si vous pensez que l’on peut jouer une OPA sur Hermès, je vous arrête de suite : on voit mal qui pourrait lancer une OPA sur une société pesant 45 Mds€ et dont le tour de table est ultra-verrouillé. Alors que peut-on faire avec un dossier comme celui-ci ?
Pas grand-chose car sur le terrain boursier, il est vraiment peu probable que le titre surperforme le CAC40 dans les prochains mois. Mieux vaut se contenter de conserver ou de prendre vos bénéfices afin d’y revenir quand le groupe aura retrouvé les faveurs des investisseurs !