Les investisseurs ont revu à la hausse leurs prétentions de rendement pour se positionner sur la dette obligataire émise par SoftBank Group Corp, la filiale de téléphonie mobile japonaise du conglomérat Softbank (T:9984).
Au-delà des turbulences observées sur les bourses mondiales, SoftBank Group Corp est dans le viseur des marchés, alors que sa maison-mère tablerait sur son introduction en bourse au printemps.
Softbank, qui veut accélérer sa transformation en l'un des plus grands investisseurs dans le secteur de la technologie, avait annoncé que l’introduction boursière de sa filiale pourrait lui rapporter jusqu’à 18 milliards de dollars, et lui permettre ainsi de multiplier ses investissements à travers le monde.
Il s'agirait au passage de l’une des plus importantes IPO pour une compagnie japonaise, avec un montant similaire à la levée de fonds de l'opérateur de télécommunications NTT en 1987.
Ce ne serait pas tant sur le principe que le marché s’inquiéterait, mais plutôt de voir le produit de l’IPO financer des investissements plus risqués que les télécoms, provoquant de la sorte encore plus d’incertitudes quant aux capacités de SoftBank Group Corp et de sa maison-mère à honorer leurs échéances obligataires.
"Une fois l'introduction en bourse réalisée, l'unité mobile japonaise continuera-t-elle à garantir le paiement de certaines dettes de sa maison-mère", s’interroge notamment Mana Nakazora, analyste de crédit en chef à BNP Paribas (PA:BNPP) Tokyo.
Et pour cause, si SoftBank Group Corp représente un tiers du chiffre d'affaires total du conglomérat, la filiale représente également deux tiers des bénéfices de ce dernier.
Selon les données compilées par l’agence Bloomberg, le groupe nippon était endetté dans sa totalité à hauteur de 15,8 billions de yens (145 milliards de dollars) fin de l’année passée, en hausse de 30% en deux ans. Il faut savoir que les ambitions de Masayoshi Son, matérialisées par de nombreuses acquisitions comme celle de l’opérateur américain Sprint, ou encore par une prise de participation substantielle dans Uber, ont gonflé l’endettement de la holding.
Un investissement à dix milliards dans Swiss Re ?
En outre, des rumeurs insistantes font état de négociations en vue d'une prise de participation par Softbank dans Swiss Re, l'un des plus grands réassureurs mondiaux.
Selon des sources proches du dossier relayées par le Wall Street Journal, Softbank envisagerait d'acquérir près d'un tiers du capital du groupe zurichois, ce qui en ferait son premier actionnaire, contre un montant avoisinant les dix milliards de dollars.
Des rumeurs et estimations qui ont également été de nature à faire grimper sensiblement les rendements des obligations émises par SoftBank Group Corp, ainsi que les coûts d’assurances (credit default swap) pour s’assurer contre un défaut de paiement sur sa dette.
Plus de 4% de rendement en euro
Sur le marché secondaire, l’inquiétude des investisseurs a provoqué un net repli des cours des obligations émises par SoftBank Group Corp.
A titre d’exemple, l’émission remboursable en 2029 et assortie d’un coupon fixe de 4% est désormais disponible à l’achat autour des 94% du nominal, portant son rendement annuel à 4,60%.
Nécessitant une mise de fonds de 100.000 euros, cette obligation de type senior non-sécurisé est notée « BB+ » dans la catégorie des investissements jugés spéculatifs chez Standard & Poor’s.