Se traitant sous son prix d’émission, le nouvel emprunt Tesla, au même titre que de nombreuses autres obligations relevant de la catégorie spéculative, souffre du retour de l’aversion au risque des investisseurs sur cette classe d’actifs.
Premier constructeur automobile américain sur base de la capitalisation boursière, Tesla a levé il y a une dizaine de jours près de deux milliards de dollars sur le marché primaire, au détour d’une obligation à huit ans accessible par coupures de 2.000 dollars.
Pour séduire les investisseurs, la société californienne, qui conçoit principalement des voitures électriques, avait dû proposer un coupon fixe de 5,30%, qu’elle s’engage à payer en rythme semestriel.
Pricée au pair, cette nouvelle obligation, d'ores et déjà l’une des plus échangées sur le marché secondaire est orientée à la baisse depuis son lancement, autour des 98% du nominal.
Et pour cause, Tesla pâtit du profil spéculatif élevé de sa dette, illustré par le rating « B- » attribué par Standard & Poor’s, dans un contexte où les investisseurs adoptent une approche plus défensive à l'égard des placements à haut risque.
Tesla n’est d'ailleurs pas le seul à être impacté par le retour de l’aversion au risque des investisseurs pour les emprunts les plus risqués des entreprises américaines.
Staples, le distributeur de fournitures de bureau bostonien, noté « B1 » chez Moody’s, voit lui aussi ses nouvelles obligations se traiter sous leur prix d’émission, autour des 97% du nominal. Scénario identique pour les nouvelles obligations ClubCorp, l’un des principaux exploitants de parcours de golf et country clubs aux Etats-Unis, elles aussi notées « B1 » chez Moody’s*.
Conjonction d'éléments défavorables
Après avoir connu un rallye haussier quasi ininterrompu depuis la crise financière, le marché de la dette spéculative américaine doit faire face aujourd’hui à une conjonction d’éléments défavorables.
On pense notamment aux craintes liées au resserrement monétaire opéré par la Banque centrale américaine, ainsi qu’aux désillusions du plan de relance économique massif aux Etats-Unis, promis par Donald Trump durant sa campagne et qui avait soutenu le marché.
Enfin, le repli des marchés boursiers (2% pour le S&P 500 depuis son plus haut annuel) semble être de nature à inquiéter certains gestionnaires de fonds.
Pour autant, il est utile de signaler que l’indice Bloomberg High Yield, qui réplique l’évolution globale du marché de la dette spéculative américaine, affiche une performance positive d'environ 6% depuis le début d’année.