Sur fonds d’un nouvel exercice déficitaire, les actionnaires de ThyssenKrupp (DE:TKAG) ne percevront pas de dividende en 2020, une première depuis six ans. Si l’action du conglomérat a accusé le coup, cette annonce ne semble pas déplaire aux obligataires. Explications.
ThyssenKrupp (DE:TKAG), le géant industriel dont les activités s'étendent de l'acier aux sous-marins en passant par les ascenseurs et les matériaux de construction, a perdu près de 15% de sa valeur boursière en réaction à l'annulation du dividende l'année prochaine.
Sur le secondaire, la tendance est nettement moins alarmiste. Pour ne citer qu’elle, l’obligation que le groupe allemand doit rembourser dans quatre ans évolue à l’équilibre, légèrement sous le pair.
Le titre en question, accessible au plus grand nombre car libellé par coupure de 1.000 euros, permet de tabler sur un rendement à l’échéance de 2%.
Pourquoi une telle différence de traitement entre action et obligations ?
Généralement, l’annonce d’une suppression du dividende est plutôt perçue comme un bon signe par les créanciers.Dans le cas qui nous concerne, elle laisse sous-entendre que la direction de ThyssenKrupp (DE:TKAG), au sortir de cet exercice déficitaire, n’entend pas faire de folie, en puisant par exemple dans sa trésorerie ou en émettant de la dette pour rémunérer ses actionnaires.En d’autres termes, elle n’entend pas sacrifier ses standards de crédits (et risquer au passage de susciter l'ire des agences de notation), en cédant aux éventuelles pressions de ses actionnaires.
Perte creusée
La suppression du dividende fait donc suite à un nouvel exercice déficitaire pour le géant de la Ruhr, et ce malgré un chiffre d’affaires en hausse de 1% à 42 milliards d’euros.
ThyssenKrupp (DE:TKAG) a ainsi bouclé son exercice décalé 2018-19, clôturé le 30 septembre dernier, sur une perte de 304 millions d’euros. Martina Merz, patronne du conglomérat depuis quelques mois, a reconnu que la performance d'un grand nombre des opérations s’était révélée insuffisante.
On rappellera que ThyssenKrupp (DE:TKAG) se trouve en phase de restructuration (suppression de 6.000 emplois à l’échelle mondiale) et doit notamment trouver une alternative après l'échec de la fusion de ses activités sidérurgiques avec celles du géant indien Tata Steel.
Dans le courant du premier trimestre 2020, le management doit par ailleurs annoncer la mise en bourse (ou la vente) de sa lucrative division ascenseurs, qui a dégagé un bénéfice opérationnel de 907 millions d'euros (valeur d’entreprise estimée entre 15 et 17 milliards).