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Tik Tok, WeChat : Trump tire à boulets rouges sur la Chine

Publié le 12/08/2020 08:37
Mis à jour le 14/05/2017 12:45

Trump l’a décidé. TikTok a jusqu’au 15 septembre pour trouver un repreneur américain. Sinon, le réseau social chinois sera banni du territoire US. Motif invoqué : les données personnelles des jeunes Américains risquent d’être exploitées par le régime chinois. Microsoft (NASDAQ:MSFT) est donné favori pour le rachat de TikTok mais les modalités de la reprise sont complexes. Et la croisade anti-chinoise de Trump ne s’arrête pas là. Le géant WeChat (Tencent) et d’autres sont visés. 

Ça commence à chauffer sérieusement entre l’administration Trump et le dragon chinois. Après avoir interdit aux équipementiers chinois Huawei et ZTE de participer à la construction du futur réseau 5G aux Etats-Unis pour des raisons de sécurité nationale, voilà que l’équipe Trump s’en prend à d’autres entreprises de l’empire du Milieu.

Le 6 août, Trump a signé un décret interdisant toute « transaction » impliquant des Américains avec les entreprises ByteDance et Tencent, les maisons mères de TikTok et de WeChat, respectivement.  TikTok US étant une filiale américaine, celle-ci a jusqu’au 15 septembre pour trouver un repreneur national. Dans le cas contraire, elle serait bannie du territoire américain. Opportuniste jusqu’au bout, Trump a exigé que le Trésor puisse toucher une part des fruits de la vente au motif que c’est l’Etat américain qui l’a rendue possible. Une demande dont la légalité est contestée.

Pour motiver cette interdiction, Trump invoque une loi fédérale autorisant le Président à réglementer le commerce en réponse à une menace inhabituelle d’origine étrangère. Laquelle ?  Pour le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo, il y avait un risque que les données des Américains « aboutissent entre les mains du parti communiste chinois ». Leur décision a sans doute été inspirée par celle du gouvernement indien, qui a banni 60 applications chinoises, dont TikTok et WeChat, en représailles à l’agression chinoise commise au Ladakh.

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TikTok, nouvelle star des réseaux sociaux

Aux yeux des Chinois, cette vente forcée constitue une spoliation pure et simple. Elle témoignerait de la jalousie des Américains à l’égard d’une « success story » d’origine chinoise mais devenue une marque internationale à part entière grâce à son grand pouvoir d’attraction sur les jeunes générations. Les mauvaises langues prétendent aussi que Trump a voulu venger le meeting de Tulsa, qui fut un bide du fait d’une campagne virale sur TikTok. 

Accusé sur les réseaux sociaux chinois d’être un traître s’il se soumettait au chantage américain, le patron de ByteDance, Zhang Yiming, - dixième fortune de Chine à 37 ans, - a déclaré qu’il n’avait « pas le choix » et qu’il « devait se plier à la requête de l’administration Trump de vendre l’application ». « La vente forcée n’est pas ce que le gouvernement américain désirait » a-t-il ajouté. « Ce qu’il voulait, c’est l’interdiction et sans doute davantage ». 

Pour rappel, TikTok est une plateforme de partage de vidéos brèves. Ces vidéos peuvent être accompagnées de morceaux musicaux au choix et synchronisées de manière à donner aux utilisateurs le sentiment de chanter en play-back. C’est bien sûr aussi un réseau social. C’est fun, c’est gag et les jeunes adorent. Les chiffres l’attestent : TikTok et sa sœur jumelle chinoise Douyin auraient été téléchargées 2 milliards de fois et auraient à leur actif 800 millions d’utilisateurs réguliers dans le monde. Aux Etats-Unis, TikTok aurait été téléchargée 140 millions de fois et compterait 26,5 millions d’utilisateurs mensuels actifs, dont 60% dans la tranche d’âge des 16-25 ans.

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Y a-t-il une menace sur la sécurité nationale ?

La filiale américaine de TikTok se défend en affirmant que les données personnelles des utilisateurs américains sont protégées et qu’en aucun cas, il ne les transmettrait au parti communiste chinois. Les serveurs hébergeant les données sont situés dans l’Etat de Virginie et les serveurs de sauvegarde se trouvent à Singapour. Donc à première vue, pas en Chine. De plus, TikTok US n’a cessé de se présenter comme une entreprise 100% américaine. Pour apaiser les craintes éventuelles, ByteDance a nommé Kevin Meyer à la tête de TikTok, l’un des directeurs de Disney, encore auréolé de ses succès dans la production de blockbusters et le lancement du service de streaming destiné à concurrencer Netflix (NASDAQ:NFLX).

La Chine n’aurait donc pas accès aux données ? Pas sûr ! Car la politique de confidentialité de TikTok à laquelle chaque utilisateur doit adhérer stipule que les données recueillies par la plateforme peuvent être transférées à des parties tierces. Or certaines sont parfaitement susceptibles de collaborer avec le gouvernement chinois. Par ailleurs, la loi sur la sécurité nationale en Chine populaire contraint tout citoyen ou toute organisation « à soutenir, assister et coopérer avec la collecte d’informations de l’Etat ». Si nécessaire, la Chine peut réquisitionner les données, en invoquant une menace sur sa sécurité, tout comme Trump vient de le faire pour sa part.

En attendant, les Chinois se gaussent à l’idée que TikTok (ByteDance) puisse travailler main dans la main avec le régime chinois. Son patron, Zhang Yiming, a plutôt la réputation d’être libertarien. Rien à voir avec un Jack Ma, le patron d’Alibaba, qui a sa carte du parti et encore moins avec Ren Zhengfei, le fondateur d’Huawei et ancien cadre de l’armée chinoise.  ByteDance a d’ailleurs eu maille à partir avec le gouvernement chinois qui, dans le passé, a interdit ou suspendu certaines de ses applications. 

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Dans l’affaire TikTok, la Chine va rester zen

Autant dire que les Chinois ne vont sans doute pas réagir comme ils l’ont fait pour Huawei. ByteDance n’est pas un deuxième Huawei, ce fleuron de l’industrie chinoise, qui construit les infrastructures 5G et emploie près de 200.000 nationaux. Les sanctions américaines contre Huawei font vraiment mal. Elles sapent les fondations de l’entreprise dont le développement dépend de l’approvisionnement en composants américains et dont 40% des revenus sont générés hors de Chine. Pour Huawei, la Chine est prête à se battre.

A côté de ça, ByteDance, comme son nom l’indique, ferait plutôt figure de danseuse. C’est un nouveau venu, sans poids politique et pas très important au plan stratégique.  Pour l’heure, il ne dégage aucun profit à l’étranger. Quant aux vidéos et messages qui sont postés par des bataillons d’adolescents, ils constituent un souci permanent pour la censure chinoise, qui n’est pas vraiment formée pour contrôler ce genre de réseau social.

Un casse-tête pour Microsoft, probable repreneur

C’est sans doute la raison pour laquelle la vente de la filiale américaine TikTok US est un compromis qui peut satisfaire les différentes parties. En ce moment, c’est Microsoft qui tient la corde. C’est une entreprise américaine, qui possède de gros moyens et qui jouit d’une excellente réputation en Chine, où elle est établie depuis 28 ans. Elle fut l’incubateur de nombreuses startups chinoises et Zhang Yiming lui-même y travailla brièvement. Le plus grand centre R&D de Microsoft hors des Etats-Unis se trouve à Pékin et 90% des ordinateurs en Chine tournent sur Windows. C’et le choix idéal. Un autre acquéreur, moins acceptable, pourrait donner lieu à des flambées nationalistes.

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De son côté, une reprise de TikTok permettrait à Microsoft, plus connu pour ses applications professionnelles et ses outils de productivité, de revenir dans la course au grand public. En effet, Microsoft a raté le train des réseaux sociaux et du streaming vidéo et la plupart de ses services destinés aux consommateurs, hormis la Xbox et le jeu vidéo Minecraft, se sont soldés par des échecs. Certains voient cependant un fossé difficile à combler entre la culture corporate rigide de Microsoft et les modes de vie d’adolescents remuants. Pas sûr que la mayonnaise prendra.

D’autres écueils sont à prévoir en cas de rachat. La reprise doit-elle se limiter à la filiale américaine ? Doit-elle inclure d’autres pays anglophones voire même toutes les filiales hors de Chine ? Si Microsoft ne rachète que la branche US, les jeunes américains ne vont-ils pas migrer vers les filiales européennes ? Ne vont-ils pas partir chez la concurrence, tel Instagram Reels, le nouveau service de partage de vidéos lancé par Facebook ? Que faire aussi des actions en justice menées contre TikTok pour avoir collecté illégalement des données relatives à des enfants de moins de 13 ans ? Qui de Microsoft ou de ByteDance va devoir payer la part du gâteau réclamée par Trump ? A combien s’établira le prix de vente, évalué entre 10 et 50 milliards ? Et dire que toutes ces questions sont censées être réglées avant le 15 septembre.

WeChat et Tencent dans le collimateur

En attendant cette échéance, Trump, Pompeo, Navarro et Mnuchin ont trouvé une autre cible, plus symbolique encore, puisqu’il s’agit de WeChat, le service de messagerie qui accompagne la vie de chaque Chinois. Véritable canif suisse, WeChat permet aux Chinois de communiquer, d’acheter des produits, de régler leurs opérations bancaires, de se divertir sur un jeu vidéo ou de réserver des taxis. Il sert aussi de ciment à la diaspora chinoise à travers le monde. Les Chinois n’utilisant pas le mail et la messagerie WhatsApp étant interdite en Chine, WeChat est devenu le canal de communication par excellence pour les millions de Chinois de l’étranger qui veulent avoir des nouvelles de leur famille et de leurs amis restés au pays.

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Bien sûr, WeChat est étroitement surveillé et soumis à la censure du régime. Et comme il offre une grande variété de services, celui-ci collecte du même coup une masse de données impressionnante. C’est sur base de ces données que le régime a pu établir son système orwellien de « crédit social », distribuant les bons et les mauvais points à ses citoyens. Bien sûr, les données des correspondants hors de Chine sont également ingurgitées et c’est la raison pour laquelle l’administration Trump s’en prend à WeChat. Mike Pompeo a déclaré vouloir « empêcher que les applications chinoises menacent notre vie privée, transmettent des virus et propagent de la propagande et de la désinformation ».

Attention à l’effet boomerang !

S’en prendre à WeChat est une opération délicate et risquée car les économies modernes sont si intriquées et interdépendantes qu’il est devenu impossible de frapper un adversaire sans se frapper soi-même. En effet, WeChat est aussi le canal qui permet aux entreprises américaines de se faire connaître du public chinois et de traiter avec des clients chinois. Bannir cette application aux Etats-Unis reviendrait à scier la branche sur lequel les firmes américaines sont assises. Pire encore, interdire la présence de l’application WeChat dans l’App Store porterait un coup très sévère aux ventes d’Iphones en Chine.

Par ailleurs WeChat appartient à Tencent Holdings, l’un des quatre géants de l’Internet chinois. Or Tencent a pris des participations dans de nombreuses entreprises américaines de pointe : Tesla (NASDAQ:TSLA), Reddit, Spotify (NYSE:SPOT), Snap (NYSE:SNAP), Uber (NYSE:UBER), Lyft (NASDAQ:LYFT) ainsi que des studios de jeux vidéo. Tencent a acquis les droits de retransmission en Chine des matches de la NBA, de la NFL et de la Major League Baseball. Elle a également conclu des accords avec Visa (NYSE:V), American Express pour autoriser des paiements sans passer par une carte de crédit émise par une banque chinoise. Bref, tout est lié et il sera difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie, d’autant plus que les termes du décret présidentiel restent assez flous.

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Pour l’administration Trump, la purge des entreprises technologiques chinoises ne fait que commencer. Mais gare à l’effet boomerang ! 

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