Nous affirmions, dans notre première vidéo de 2017, que la nouvelle année s'inaugurait sous le signe d'un contrôle intégral des indices boursiers, un des fondamentaux de l'implacable "répression financière" menée par les banques centrales pour canaliser les flux de liquidités vers les actions et les ETF depuis le 9 novembre dernier. Je rappelle que les ETF ont connu la plus phénoménale montée en puissance de l'histoire des bourses modernes avec +100 Mds$ investis en 6 semaines, au détriment de la gestion de type stock-picking.
Cette vision qui anéantit la dimension aléatoire et onirique du marché a pu vous paraître péremptoire, voire excessive… mais nous étions encore loin de la vérité !
Nous n'aurons attendu que 48H avant d'assister à une démonstration de force et de maîtrise totale de l'évolution des indices par quelques sherpas. Nous vous laissons évaluer l'étendue du savoir-faire des mathématiciens qui ont programmé la quatrième « hausse » consécutive du CAC40, avec une précision algorithmique insurpassable : l'indice a repris durant le fixing les 7 points qui lui manquaient pour finir à l'équilibre. Il clôture à 4.899,40 points contre 4.899,33 la veille, soit +0,07 point d'indice (0,0014% de « hausse »).
Insurpassable ? Mais non, voyons ! Avec le DAX30, ils ont fait plus fort encore (et oui, c'est possible !) avec une clôture à 11.584,31points contre 11.584,24 la veille, soit +0,00087% !
Comment les algos peuvent-ils viser aussi juste ?
C'est parce qu'il n'y a tout simplement personne d’autre sur le marché ! Dès que la tendance de fond (haussière) reprend le dessus, que ce soit pour 5 minutes, 5 heures ou 5 séances... les sherpas sont seuls. Il n'y a plus de "short sellers" depuis les contre-pieds du Brexit et de l'élection de Trump. Seuls quelques scalpeurs opèrent encore mais ce sont souvent des transfuges des grandes salles de marché dotés d'outils comparables dans le HFT. Donc en l'absence de contrepartie pendant 90% d'une séance, nous sommes confrontés à un marché à sens unique qui grimpe dans le vide, et où la seule alternative consiste à suivre la tendance.
Pour bien marquer leur territoire, les sherpas écrasent la volatilité et le CAC40 retrouve ses niveaux de fin 2015 : le prochain objectif redevient clairement le test des 5 000 points.
En ce qui concerne le Dow Jones en revanche, les sherpas se sont ingéniés à lui interdire de marquer 20.000 points durant les 10 dernières séances de l'année 2016 – alors qu'il suffisait de laisser l'inertie haussière porter l’indice en douceur. Peut-être a-t-il été décidé que les 20.000 seraient inscrits le 20 janvier, pour saluer le serment de Donald Trump et la dernière journée de présidence de Barack Obama, auquel les marchés doivent beaucoup, à commencer par l'impression de 9.000 Mds$. Ces 9.000 Mds$ ont été presque intégralement recyclés par Wall Street, par le truchement de la FED dont le bilan s'élève désormais à la moitié de ce total astronomique.
Ensuite, si le marché retombe, ce sera à cause des initiatives malheureuses du nouveau Président, et possiblement de quelques tweets mal calibrés. Donald Trump pourrait servir de parfait coupable. Certes, les marchés avaient accordé du crédit à son statut de leader pro-business... Mais au bout du compte, « il fait un peu n'importe quoi » non ? et son programme contient de nombreuses absurdités. Si jamais il amende son programme (notamment sur les baisses d'impôt) ou retourne sa veste, le marché lui fera payer sa versatilité, son manque de parole, vous pouvez en être certain.
Et nous pouvons compter sur le Congrès pour sortir les aérofreins sur la question de l'endettement, ce qui retardera d'autant la mise en oeuvre de grands travaux et autres dépenses somptuaires. Il ne faut pas s'attendre à ce que les trumponomics rentrent en vigueur avant le second semestre 2017 et les retombées en matière d'emploi ne sont pas à espérer avant 2018. Cela laisse beaucoup de temps pour se poser des questions sur le retour de l'inflation, la montée des taux, le risque d'éclatement de la bulle immobilière – hem, pas très bon tout çà !
En attendant, il serait peut être prudent de commencer à surveiller le VIX. Revenu au contact de son plancher technique des 12, le risque de dégradation l'emporte largement sur les chances de revenir tester son nadir historique des 9,30 de la fin 2007. Nous ne serions donc pas surpris qu'un rebond du VIX au-dessus des 15 coïncide avec une remontée de l'or au-dessus des 1 200 $ : la corrélation entre les deux est plutôt troublante depuis le 9 novembre, non ?