Carton plein pour Netflix (NASDAQ:NFLX) qui vient de lever pour l'équivalent de plus de 2 milliards de dollars d'obligations, quelques jours après la publication de ses résultats trimestriels. Retour sur l'opération et analyse des résultats.
Rappelons que Netflix est la première plateforme de streaming vidéo avec plus de 148 millions d’abonnements payants dans plus de 190 pays qui diffusent des séries télévisées, des documentaires et des longs métrages dans une grande variété de genres et de langues. Les membres peuvent regarder autant qu'ils le souhaitent, à tout moment, n'importe où, sur n'importe quel écran connecté à Internet. Les membres peuvent faire une pause et reprendre le visionnage, le tout sans publicité ni engagement.
Pour Netflix, c'est presque une tradition. Le groupe américain a en effet pour habitude de solliciter le marché de la dette high yield à intervalles de six mois, traditionnellement après la publication de ses résultats du premier et troisième trimestre. Et c’est encore le cas cette fois-ci puisque le groupe dirigé par Reed Hastings a procédé au placement de deux nouvelles obligations, l’une en dollar, l’autre en euro.
Concrètement, le groupe américain a emprunté 1,2 milliard d'euros à travers l'émission d'une obligation"senior non garantie" à échéance 15 novembre 2029 assortie d'un coupon de 3,875%. Libellée par coupures de 100.000, elle s'échange sur le marché secondaire à 100,44% du nominal, correspondant à un rendement de 3,82%.
La nouvelle souche en dollar affiche une maturité identique (15 novembre 2029) mais son coupon a été fixé à 5,375%. Négociable par coupures de 2.000, l'obligation se traite sur le marché secondaire à 99,80% du nominal, de quoi tabler sur un rendement de 5,4%.
Netflix a emprunté un peu plus que les deux milliards de dollars visés, profitant d'une forte demande, laquelle dépassait les 6 milliards de dollars, selon des informations Bloomberg. Un signe de confiance de la part des investisseurs, quelques jours après la publication par le groupe américain de résultats trimestriels en demi-teinte.
Résultats supérieurs aux attentes
Le groupe a publié un bénéfice net de 76 centimes par action pour janvier-mars 2019 (64 centimes au premier trimestre 2017), supérieur au consensus qui donnait 57 centimes. Le chiffre d’affaires trimestriel a atteint 4,52 milliards (3,70 milliards pour janvier-mars 2018), mieux que les 4,50 milliards attendus par le marché. Toujours sur les trois premiers mois de l’année, le groupe a gagné 7,86 millions d’abonnés, contre 7,14 millions attendus par le consensus IBES de Refinitiv. Voilà pour les bonnes nouvelles.
Ralentissement de la croissance du nombre d’abonnés
Mais les prévisions de la croissance du nombre d’abonnés ont rendu les investisseurs nerveux. Netflix table sur 5 millions d’abonnés supplémentaires dans le monde pour avril-juin (5,45 millions sur la même période il y a un an) alors que le marché espérait 5,48 millions.
Ces signes de ralentissement de la croissance ont pris une résonnance toute particulière avec la montée en puissance attendue de la concurrence, comme Disney et Apple (NASDAQ:AAPL) qui ont chacun présenté leur propre offre de vidéo en ligne, tandis que Warnermedia (AT&T (NYSE:T)) et Comcast (NASDAQ:CMCSA), s’apprêtent eux aussi à entrer sur le marché. Disney est considéré par les observateurs comme la menace la plus sérieuse, grâce à la richesse de son catalogue, la popularité de sa marque ou encore le prix compétitif de son abonnement.
Analystes majoritairement positifs
Malgré tout, les analystes américains restent majoritairement positifs sur Netflix, selon CNBC, avec une majorité de recommandations d’achat pour l’action. Certains d’entre eux viennent même de relever leurs objectifs de cours sur la valeur, comme Goldman Sachs (NYSE:GS) (à 460 dollars) et JP Morgan et Credit Suisse (à 450 dollars chacun). Netflix évolue aux alentours des 370 dollars à Wall Street, soit une capitalisation boursière de l’ordre de 161 milliards.
«Malgré l’attaque de nouveaux services de diffusion en continu, nous nous attendons à ce que Netflix continue de capter une part importante de l’argent consacré au contenu traditionnel lorsqu’ils migrent vers la diffusion en continu», a déclaré Michael Olson, analyste de Piper Jaffray (surpondérer sur l’action), cité par CNBC.
« En tout état de cause, les résultats du premier trimestre n’affectent en rien notre vision de la trajectoire des fondamentaux de Netflix", a ajouté pour sa part Anthony DiClemente, analyste chez Evercore ISI (neutre sur le titre).
Attentisme des créanciers
Sur le marché obligataire, la publication des résultats trimestriels s’est traduite dans un premeier temps par un léger repli du prix des obligations, reflet sans doute d’un marché plus prudent face au ralentissement de la croissance du nombre d’abonnés, la perspective d’un free cash-flow négatif à hauteur 3,5 milliards de dollars pour cette année et un endettement élevé (il a triplé en fait ces deux dernières années), en raison des importants investissements réalisés dans la production de contenu propre. L'obligation a toutefois repris de la hauteur depuis lors, profitant sans doute de l'engouement lié à l'émission des nouveaux titres sur le marché primaire.
Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation remboursable en 2028 est désormais disponible à 98,49% du nominal. Sur base d’un coupon fixe de 4,875%, le rendement annuel de cette obligation notée BB- (high yield) chez Standard & Poor’s et nécessitant une mise de fonds de 2.000 dollars est ramené à 5,09%.