Les émetteurs quelque peu atypiques se succèdent sur le marché primaire. Après l’Argentine qui a émis récemment un emprunt à 100 ans, ou encore l’émission obligataire de la Grèce, c’était au tour de l’Irak, il y a quelques jours, de solliciter des investisseurs plus que jamais en quête de rendement.
La République d’Irak, durement touchée par l’organisation terroriste Daech comme l’illustrent les combats pour reprendre le contrôle de la Vieille ville de Mossoul, a pu compter sur une demande marquée pour cette nouvelle souche obligataire, avec un carnet d’ordres sursouscrit 6 fois selon des sources de marché.
L’obligation d’une maturité précisément égale au 3 septembre 2023 et négociable par coupures de 200.000 dollars est déjà disponible sur le marché secondaire. Il faut compter sur un prix d’achat de 100,50% du nominal, correspondant à un rendement de 6,642%. Il s’agit d’une émission particulièrement risquée puisqu’elle est notée dans la catégorie « High yield » chez Fitch avec rating « B- ».
La béquille du FMI
Le succès remporté par l’Irak sur le marché obligataire intervient aussi alors que le FMI a approuvé au début de ce mois d'août le versement de 825 millions de dollars d’aide à Bagdhad, dans le cadre d’un plan d’aide de 5,34 milliards accordé en juillet 2016. Le pays a déjà bénéficié de deux versements depuis lors, pour un total de 1,25 milliard, dans le but de lui permettre de redresser ses comptes publics.
Dans son communiqué daté du 1er août, le Fonds précise que « les politiques économiques mises en œuvre par les autorités irakiennes pour faire face aux chocs auxquels l'Irak est confronté - le conflit armé avec Daech, la crise humanitaire qui en résulte et l'effondrement des prix du pétrole - sont appropriées. Dans le domaine fiscal, les autorités mettent en œuvre un ajustement budgétaire important, principalement par le retrait des dépenses inefficaces tout en protégeant les dépenses sociales. Les autorités maintiennent de manière appropriée la relation entre le dinar irakien et le dollar américain, ce qui constitue un élément clé de l'économie. Des mesures fiscales supplémentaires seront cependant nécessaires en 2017 et 2018 pour maintenir le programme sur les rails ». Et le FMI de prôner entre autres une augmentation des recettes fiscales par le développement des activités non pétrolières.
Outre le conflit avec Daech, l’Irak est durement touché par la baisse des prix pétroliers depuis 2014. La production d’or noir représente plus de 50% du PIB et 90% de l’activité industrielle, selon la Coface. En dépit des conflits sur son territoire, la production de pétrole a augmenté de 20% l’année dernière, ce qui explique le taux de croissance de 11% de son PIB. Mais hors activité pétrolière, l’économie a reculé de 8%, selon des estimations du FMI.