Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Spécialiste des spiritueux, avec notamment ses marques Rémy Martin dans le cognac et Mount Gay dans le rhum, Rémy Cointreau (PA:RCOP) ne connaît pas la crise, comme beaucoup de poids lourds du luxe dont il fait partie.
La rentabilité du groupe soutient en effet la comparaison avec les grands acteurs du secteur, comme en témoigne l’augmentation de 130 points de base de la marge opérationnelle, ressortie à 21,7% au titre de l’exercice 2018/2019. La progression a ainsi atteint 2,6 points depuis l’exercice 2016/2017, ce qui a permis à Rémy Cointreau de se conformer à ses objectifs avec un an d’avance sur le calendrier initial.
Bien entendu, lorsqu’on descend dans le compte de résultat, la profitabilité est moindre, pour la bonne raison qu’il faut tenir compte de l’impôt sur les sociétés et des frais financiers. Le taux d’imposition est ainsi resté à 29,8% au dernier pointage, tandis que la charge financière a atteint 35,2 M€, en hausse de plus de 50% par rapport à 2017/2018.
Pour autant, Rémy Cointreau reste rentable et son ratio dette nette/Ebitda, un indicateur que je regarde pour chaque dossier, est de seulement 1,08, alors que des niveaux de 3 sur ce type de sociétés est assez courant.
Au bout du compte, la marge nette s’est établie à 13,7% et le bénéfice net a crû de 16,3% à 167,8 M€, un niveau record.
Des actionnaires choyés
Ambitionnant de devenir le leader mondial des spiritueux d’exception, Rémy Cointreau maîtrise parfaitement son pricing power, ce qui suppose que le groupe a la possibilité d’augmenter ses prix sans impact sur sa demande.
Les perspectives sont de surcroît rassurantes, aussi bien en Chine qu’aux Etats Unis, deux marchés clefs sur lesquels le groupe ne perçoit aucun ralentissement à ce stade.
Les actionnaires, eux, vont boire du petit lait, sachant qu’ils recevront un dividende par action de 1,65 € (stable par rapport à celui versé au titre de 2017/2018) ainsi qu’un dividende exceptionnel de 1 €. Et si le rendement n’est en réalité que de 2,1%, la symbolique est là.
Dévoilés jeudi, les comptes annuels n’ont pas suscité d’enthousiasme particulier, mais la relative stabilité du titre après cette publication s’explique sans doute par le fait qu’il s’est adjugé plus de 21% à compter du 1er janvier, une performance assez nettement supérieure à celle du CAC40 (+14% environ), et n’est plus qu’à 7% de son plus haut historique.
L’action vaut en outre plus de 32 fois ses bénéfices 2019 et se paie avec une prime de l’ordre de 30% par rapport à Diageo (LON:DGE) et Pernod-Ricard (PA:PERP) en termes de VE/Ebit.
Pour qu’elle continue à progresser, je pense que les prochaines publications devront être de meilleure facture encore, un sacré défi… Mieux vaut selon moi attendre une consolidation de l’ordre de 10% pour revenir sur ce (beau) dossier.