Cet article a d'abord été publié sur La Bourse Au Quotidien
D’après les livres d’histoire économique et boursière, ce qui s’est produit vendredi avait zéro probabilité de se produire : battre un record absolu sur les 2 Nasdaq (le “composite et le Nasdaq100) après -35% effacés en 10 semaines et avec 40 millions de chômeurs, cela n’a jamais existé.
Pour mémoire, le “Composite” a culminé en séance à 9.845, le Nasdaq100 à 9.847 pour un record en clôture à 9.824.
L’indice Dow Jones a bondi de +3,15% à 27.110 mais a égalé les sommets estivaux de 2019 en culminant vers 27.340.
Autre grande première, un enchaînement de 8 “gaps” à la hausse en 10 séances à Paris, cela n’a jamais existé non plus (même pas 4 “gaps” sur 15 jours)… et +15% en 10 séances, une performance qui compte parmi les 10 des plus fortes accélérations à la hausse du 21ème siècle, mais cela n’avait jamais été observé à 15% des sommets historiques.
Mais le plus inouï, c’est que le taux de chômage américain (en marge du rapport mensuel sur l’emploi) qui apparaissait un peu “miraculeux” lors de sa publication vendredi est en effet entaché d’une grosse “erreur” de calcul… dévoilée après coup.
Selon la synthèse mensuelle du Département du Travail sur l’emploi américain, l’économie américaine aurait généré +2,509 millions d’emplois non agricoles le mois dernier, au lieu d’une destruction de -8 millions supplémentaires, soit un écart de +10 millions par rapport aux attentes.
Mais le taux de chômage annoncé à 14H30 en net repli -de 14,7 vers 13,3%- est en réalité très inexact: pas moins de 4,7 millions de personnes ayant “pointé” au chômage (comme allocataires temporaires) auraient en fait été classées “par erreur” comme ayant repris une activité.
Une fois le total des chômeurs rectifié, le taux de chômage ressort à 16,3%: il ne recule donc pas.
Les optimistes souligneront que 16,3%, c’est moins pire que les 19,8% anticipés.
Et cela ne remet pas en cause les créations d’emplois dans les secteurs de la restauration, hôtellerie, loisirs, distribution… et plus marginalement, de la construction.
Peu de consolidation malgré un chômage revu à la hausse
Mais ce n’est pas cela qui nous laisse bouche bée, c’est le procédé consistant à publier un chiffre “fracassant” qui provoque un effet de sidération et de panique à la hausse… puis après que le Président ait pris le micro pour célébrer cette formidable baisse du chômage découlant d’une reprise rugissante, on publie un rectificatif qui démontre que la fameuse reprise n’existe pas !
Plus intéressant encore : malgré ce “correctif” de +4,7 millions de chômeurs “mal indexés”, les indices n’ont que peu consolidé.
Et l’explication la plus plausible, c’est que ce taux de chômage fortement révisé à la hausse 3 heures après sa publication, n’est qu’un prétexte ou une “couverture”, pour donner un “vernis de naturel” à des opérations de manipulation des cours d’une ampleur historique.
Tout le monde a bien compris qu’il s’agissait de tirer artificiellement les cours à la hausse parce que cela fait plaisir aux détenteurs d’un portefeuille d’actions ou d’un plan d’épargne retraite “401-K”… mais pourquoi vouloir aller aussi vite, aussi violemment ?
S’il s’agissait de restaurer la confiance, une hausse 2 fois moins rapide aurait aussi bien fait l’affaire, et même mieux : il n’y a rien de pire pour la solidité et la pérennité d’un mouvement haussier qu’une succession sans précédent de “gaps” et d’achats-panique sur des dossiers en quasi faillite que personne ne voulait détenir quelques jours auparavant (Chesapeake (NYSE:CHK), l’ex N°2 américain du Gaz de schiste a bondi de +747% vendredi, et de +90% sur la semaine, Occidental Petroleum a bondi de +33% et de +50% sur la semaine, Apache (NYSE:APA) de +25% et +35% hebdo, comme Airbus (PA:AIR), Unibail ou Klépierre (PA:LOIM)).
Le Nasdaq atteint des niveaux de valorisation que personne ne sait justifier, et sur ces niveaux les seuls acheteurs sont des acheteurs “contraints” (renforcer la poche actions pour respecter les proportions définies par le mandat).
Donc la question reste ouverte : quel est l’intérêt de démontrer qu’il n’existe plus aucune circonstance capable de faire baisser les actions plus de 3 mois et que même une récession historique s’avère propice aux records boursiers… à part entériner la destruction du “pacte social” et dissuader quiconque de miser 1$ de façon très hasardeuse dans l’économie réelle quand on peut doubler presque à coup sûr sa mise en 2 mois, et parfois même en moins de 2 semaines dans le casino virtuel qu’est devenu le “marché”.
En fait le “marché” n’est plus représenté que par un seul acteur: le banquier central qui administre la valeur des actifs, non plus avec de discrètes ficelles translucides mais avec des câbles calibrés pour soutenir la télécabine de l’aiguille du midi.