Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La séance des trois sorcières de ce vendredi 17 novembre ne ressemblera pas à celle du 20 octobre dernier.
Des fées et des sorcières
Le mois dernier, nous avions eu, avant la séance de débouclage des contrats mensuels, trois semaines de stagnation complète, pas de « directionnel » et une volatilité digne de l’encéphalogramme d’une limace regardant une émission de Hanouna. La BCE allait s’exprimer 5 jours plus tard (le 25 octobre) et rien de mauvais ne pourrait en résulter.
Ce fut d’ailleurs encore mieux que prévu. Un vrai conte de fées boursier s’amorça, avec 5 hausses consécutives et une semaine de pure félicité qui se solda par une envolée de 120 points du CAC40 et par un nouveau record absolu sur le CAC Global Return » (à 14 066 points).
Mais depuis le 3 novembre (et une meilleure clôture historique du CAC GR à 14 020 points), rien ne va plus !
Enfin, c’est facile de l’affirmer rétrospectivement, car sur le coup, et jusqu’au 8 novembre en clôture, il n’était encore question que d’une consolidation à l’horizontal dans une tendance bullish. Une de plus après celles du 21 au 28 septembre (entre 13 430 et 13 350) puis surtout celle du 3 au 24 octobre (entre 13 660 et 13 580).
Tassement ou consolidation ?
Donc, le 5 novembre, la confiance était encore bien présente sur les marchés… D’ailleurs, Wall Street a continué d’enchaîner les records jusqu’au 9 novembre tandis que le VIX planchait sous les 10. Alors, le tassement (on évite alors de parler de consolidation) du CAC40 sous 5 450 points, cela n’a alarmé personne – bien que l’EuroStoxx50 reculait depuis 5 séances consécutives.
Peut-être les opérateurs étaient-ils tellement convaincus qu’il ne s’agit que d’une respiration annonciatrice d’un rebond qu’ils se sont abstenus de « payer le creux », même après 8 séances de repli consécutif ? Ont-ils eu seulement conscience que le marché recule suffisamment pour offrir une opportunité d’investissement ?
A moins que… l’impératif de « payer tous les creux » n’ait piteusement capitulé devant la règle consistant à ne pas chercher à « attraper le couteau qui tombe » – nous pourrions glisser sournoisement que ce n’est pas un « couteau » mais une tronçonneuse qui dégringole.
Prudence pour cette séance des trois sorcières
Alors, trois sorcières ou pas, ce 17 novembre, peu d’opérateurs se montreront téméraires. Après tout, les sherpas sont là pour faire ce genre de boulot, ce sont eux qui connaissent le bon timing et à qui les banques centrales procurent l’argent ! Il suffit d’attendre et de voir ce qu’ils font. Comme c’est de l’argent sorti de nulle part et qui ne leur coûte rien, c’est à eux de prendre les risques… et les risques ne sont pas bien grands si la BCE ou la BoJ sont derrière !
Pour notre part, même si les indices reprennent rapidement 1,5 ou 2% (ce qui effacerait la moitié des pertes sur la plupart des places européennes), nous attendrons que la poussière retombe sur le compartiment du high yield qui vient de connaître une série de petits séismes – annonciateurs d’un « big one » ? Il ne se produira peut-être pas (et c’est le plus probable), mais à 9 ans de distance, nous retrouvons beaucoup de points communs avec la séquence qui a précédé le krach des subprime. Les Américains n’ont jamais été aussi endettés pour leur logement depuis 10 ans. Ils n’ont également jamais acheté autant de véhicules à crédit avec autant de facilité d’emprunt. C’est tout juste si les constructeurs américains ne payent pas les acheteurs pour qu’ils signent un bon de commande !
Nouveaux subprime à prévoir ?
Les voilà donc, nos nouveaux subprime : ils sont certes beaucoup plus petits individuellement… mais ils sont bien plus nombreux. (Nous en parlions déjà dans notre livre, Fake News, comme une des étincelles à surveiller…)
Et puis, s’il est beaucoup question du Venezuela en situation de défaut, n’oublions pas que Porto Rico était également en faillite bien avant que le régime Maduro mette le genou à terre. Ce sont des dizaines de milliards de dollars qui ne seront pas remboursés aux fonds qui gèrent les retraites des Américains… Et ça se passe dans le 51e des Etats de l’Union, pas dans une dictature bolivarienne qui fait la démonstration que même au XXIe siècle, le collectivisme mène à la ruine – et même s’il n’y a qu’à forer le sol pour avoir accès à la plus grande réserve de pétrole prouvée de la planète.
Sous les pavés du centre de la capitale de Porto-Rico en revanche, on ne trouve que la plage.
Et sous les 5 200 points sur le CAC40… que vont trouver les actionnaires ?