Même s’il y a encore de nombreuses incertitudes sur Engie, il devient peut-être enfin intéressant de se pencher sur le groupe. DU moins, le rebond récent nous intrigue : est-ce le signe d’une amélioration réelle pour le groupe ? Engie (PA:ENGIE) a vécu la semaine dernière sa plus belle semaine boursière depuis 2008 ; depuis ses plus bas historiques à 10,76 €, le titre a rebondi de plus de 20% à 12,92 € vendredi dernier après avoir gagné 8% en séance jeudi. Du jamais vu depuis bien longtemps pour Engie !
Comme vous le voyez sur ce graphique de long terme, le titre ne cesse pourtant de chuter depuis 2008. Il a certes, bien rebondi lorsqu’il venait s’appuyer sur le support de son canal baissier, mais à chaque fois, la hausse était contenue par la résistance (oblique rouge supérieure). Impossible de sortir de cette spirale baissière ! Mais comme vous le voyez, en gagnant 20% sur quelques séances, Engie semble avoir touché le fond et les investisseurs sont prêts à soutenir le titre. Mais pourquoi ?
Les résultats sont pourtant encore bien médiocres.
L’an dernier, le chiffre d’affaires a encore reculé de 4% à 66,6 Mds€ pour un Ebitda en recul de 2,7% à 10,7 Mds€. 2017 devrait rester une année encore compliquée avec un Ebitda compris entre 10,7 et 11,3 Mds€. Le plan de cession de 15 Mds€ sur trois ans est réalisé à plus de 50% (le groupe a vendu ses centrales à charbon en Indonésie et en Inde) ce qui a permis à Engie d’améliorer sa situation financière en réduisant sa dette de 3 Mds€… Mais attention : le groupe affiche encore un ratio Dette nette / Ebitda de 2,3. Ceci dit, ces cessions d’actifs réalisées sur trois ans vont au-delà d’un besoin de se renflouer. La nouvelle stratégie de développement de Engie est de se débarrasser de ses unités les plus polluantes pour s’orienter vers une production d’électricité propre. Isabelle Kocher, seule femme à la tête d’une société du CAC 40, mise également sur les services. Un des axes de développement est par exemple de déployer 4 000 bornes de recharge pour véhicules électriques aux Pays-Bas, encore l’ouverture d’une ligne de train express régional entre Dakar et son aéroport.
Reste à convaincre les investisseurs du bien-fondé de cette stratégie.
Mais alors… qu’est-ce qui fait changer d’avis les investisseurs ?
Quand j’analyse un dossier, je finis toujours par calculer les ratios. Car c’est ce qui vous permet de dire si, par rapport au secteur, à la concurrence et à la perspective de croissance du groupe, le titre est trop ou pas cher.
Eh bien pour Engie, c’est simple : le titre est encore peu cher malgré son rebond.
D’abord il offre un rendement de 5,5% en prenant pour référence le dividende de 0,70 € qui sera versé l’an prochain. (La direction a décidé de distribuer un dividende de 1 € par action cette année, mais qui sera réduit à 0,70 € dès l’an prochain pour tenir compte d’une situation compliquée)
Ensuite le groupe se paye sur une VE/EBITDA de 7, ce qui est assez attractif.
J’ai le sentiment que le titre pourrait bien revenir toucher le haut de son canal boursier, autour de 15 €… Mais pour aller au-delà, il devrait sortir des fondamentaux un peu plus solides et continuer de convaincre les investisseurs.
Pour l’heure donc, je pense que le beau rebond n’est que technique, un effet de rattrapage de la part d’investisseur opportunistes, mais que ce n’est pas encore suffisant pour se positionner sur Engie pour du long terme.