Faut-il craindre une correction du marché de la dette « High yield » ? La question mérite d’être posée alors que le contexte qui a porté le segment des obligations d’entreprises considérées comme les plus risquées semblent moins porteur, au point d'inquiéter certains spécialistes.
Tant les compartiment américain qu'européen de la dette à haut rendement – c’est-à-dire celui qui regroupe les obligations d’entreprises non financières dont le rating est inférieur ou égal « BB+ » chez Standard & Poor’s et chez Fitch et « Ba1 » chez Moody’s – affichent une belle performance au premier semestre, avec un return de près de 4,8% aux Etats-Unis et de 3,7% en Europe, selon des calculs de Merrill Lynch. En corollaire, les coûts moyens de financement des entreprises ont reculé de manière spectaculaire, passant de plus de 9% au début de 2016 à un peu plus de 5%, selon le Bloomberg Barclays (LON:BARC) Global High Yield Index.
Le pétrole et les banques centrales jouent les perturbateurs
Mais deux facteurs ont joué les perturbateurs ces derniers jours : la faiblesse des prix du pétrole aux Etats-Unis, qui fragilise les émetteurs pétroliers, et des déclarations de plusieurs banquiers centraux évoquant des hausses des taux ces prochains mois. C’est le cas de Janet Yellen à la Fed, de Mark Carney à la Boe (Banque d'Angleterre), de Stephen Poloz, le patron de la banque centrale du Canada et, surtout de Mario Draghi, le président de la BCE.
Ses déclarations au forum annuel de la Banque centrale à Sintra (Portugal) ont semé le trouble sur les marchés car elles ont été interprétées comme laissant entrevoir la possibilité pour l’insitution monétaire de diminuer progressivement son programme de soutien à l’économie (et à l’inflation), en réduisant le rachat de dette publique et privée sur le marché secondaire.
Réduction de la part allouée au « High yield »
Dans ce contexte, certains investisseurs comme JP Morgan Chase & Co ou encore Investment Management LLP se montrent moins enthousiastes pour la dette à haut rendement. Ils considèrent comme insuffisant le return offert par ces obligations en regard de la probabilité de risque de défaut des émetteurs.
Les gestionnaires du fonds Absolute Return & Opportunish-Income de JPMorgan Asset Management, qui détient 17 milliards de dollars d’actifs, ont par exemple réduit à 40% (contre 50%) la proportion de dettes « high yield » dans leur portefeuille.
"Tout à l’air un peu suracheté et dès lors susceptible de vaciller", résume Ben Kumar, un gestionnaire de Seven Investment cité par Bloomberg. Et celui-ci d'avertir qu' "il n’en faut pas beaucoup pour démarrer le genre de spirale de panique que nous avons vu au tout début de 2016".
Exigences relevées
Devenus plus prudents, les investisseurs ont aussi relevé leurs exigences à l’égard des nouvelles émissions notées « High yield », forçant plusieurs émetteurs à renoncer à leur opération de levée de dette ou à améliorer les conditions proposées. C’est le cas du groupe minier américain Hecla Mining, de l’opérateur télécom Virgin Media, du producteur de plastique Berry Global Group ou encore de la société de Facility Management Manutencoop, pour ne citer que ces entreprises.