Au cours des trois derniers mois, plusieurs banques centrales de premier plan ont reconnu que la politique monétaire ne peut que permettre de gagner du temps mais qu’elle n’est pas suffisante pour renforcer la croissance économique. Dans son dernier bulletin trimestriel, la Banque d’Angleterre a notamment démontré que le multiplicateur monétaire ne fonctionne pas. Dans ces circonstances, la balle est dans le camp des gouvernements. Dans un revirement spectaculaire, toutes les organisations internationales, le FMI en tête, ont plaidé pour davantage de dépenses publiques. Le G20 de Pékin qui a eu lieu en début de mois a abouti à la même conclusion. Sur le plan macroéconomique, le retour de la relance budgétaire va être le principal fait marquant de ce quatrième trimestre. Le contexte est, effectivement, propice pour les Etats. La doctrine libérale qui a dominé au cours des trente dernières années a été discréditée par la crise financière mondiale. Il n’y a plus d’idéologie économique dominante. Par ailleurs, le rôle des agences de notation, qui ont agi comme garde-fou de l’orthodoxie budgétaire, est désormais beaucoup moins important aux yeux des investisseurs. Cependant, la vraie incitation à faire de la dépense publique est liée à la faiblesse historique des taux d’emprunt sur les marchés financiers. Les taux souverains au niveau mondial (toutes maturités confondues) sont actuellement à 0,9% contre une moyenne de 2,30% sur les dix dernières années. Seul problème, toutes les Etats ne possèdent pas la marge de manœuvre suffisante pour faire de relance. A cet égard, la France ne joue pas à armes égales avec l’Allemagne.
Les derniers faits marquants :
Sans surprise, la banque centrale britannique a maintenu sa politique monétaire inchangée, ce qui n’a pas créé de remous particuliers sur la livre sterling. La croissance au T3 a été revue à la hausse, entre 0,2% et 0,3%. Une baisse supplémentaire du taux directeur, actuellement à 0,25%, est possible d’ici la fin de l’année, mais il est encore trop tôt pour avoir des certitudes, étant donné que les statistiques post-Brexit concernant l’économie outre-Manche sont plutôt rassurantes. Dans ces conditions, la prochaine étape pour le pays aura lieu dans les prochaines semaines lorsque le gouvernement présentera son plan de relance qui pourrait notamment viser à soutenir davantage l’industrie manufacturière et réduire la fracture sociale qui est un des facteurs explicatifs du vote pro-Brexit.
Autre banque centrale : en Ukraine, l’institution a baissé son taux directeur à 15% contre 15,5% précédemment.
A l’approche de la réunion de la Banque du Japon, voici quelques chiffres prouvant que l’archipel n’est décidément pas un pays comme un autre : la banque centrale possède en direct environ 40% des obligations souveraines japonaises, plus de 65% des ETF et figure parmi les principaux actionnaires de 90% des entreprises cotées en bourse. Malgré cela, pas de croissance suffisante et, surtout, pas de sortie durable de la déflation en perspective.
A suivre aujourd'hui :
Les banques centrales sont toujours au menu, avec la réunion de la banque centrale russe. Les récents chiffres macroéconomiques pourraient la pousser à baisser les taux d’au moins 25 point de base, à 10,25%. En effet, l’inflation sous-jacente a été publiée plus basse que prévu en juillet, à 7,2% sur un an, ce qui offre une latitude certaine pour soutenir davantage l’économie. Il est fort probable qu’à l’occasion de cette réunion, la banque centrale commence un nouveau cycle baissier au niveau des taux.
De nouvelles statistiques américaines sont prévues : l’inflation sous-jacente (0,2% sur un mois en août) et l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan (90,8 en septembre selon le consensus contre 89,8 précédemment).