Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Après une séance folle lundi, le S&P500 pourrait bien poursuivre sur sa lancée… et même, à en croire Goldman Sachs (NYSE:GS), atteindre les 4 300 points d’ici fin 2021…
Avant d’analyser en détails le scénario de potentiel « double-top » (voire « triple-top ») sur le S&P500, il nous faut revenir quelques instants sur l’historique séance de lundi… vue de Wall Street.
L’annonce coup de tonnerre de Pfizer (NYSE:PFE) autour d’un candidat-vaccin contre le Covid-19 « efficace à 90% » est intervenue à 6h45 du matin, heure de New York, un horaire plutôt inhabituel pour une annonce de ce calibre.
Il faisait encore nuit noire aux Etats-Unis et aucun opérateur n’était devant ses écrans au sortir du week-end. Et pourtant, les « trading programs » ont réagi au quart de tour, à la seconde même, et le Dow Jones n’aura mis que quelques minutes pour gagner 1 500 points sur les « futures » (l’indice élargi S&P500 ayant pour sa part engrangé 150 points d’une seule traite), avec un renversement complet en faveur des valeurs dites « value ».
Oui, la rotation sectorielle s’est parfaitement déroulée alors qu’il n’y avait personne devant les écrans aux Etats-Unis, et guère plus de monde en Europe puisqu’il était l’heure du déjeuner à Paris, Francfort et Amsterdam.
Les vendeurs à découvert massacrés
Puisque personne ne pouvait matériellement tout reprogrammer outre-Atlantique, les marchés étant fermés, et les « quants » et informaticiens pas encore sur leur lieu de travail, cela laisse supposer que les algorithmes étaient programmés (peut-être de longue date) pour changer de stratégie à 180 degrés en quelques secondes en cas de communiqué comportant plusieurs « mots-clef » (vaccin, Covid, réponse immunitaire, 90% d’efficacité etc.).
La hausse a en tout cas été si brutale (+ 300 points sur le CAC40 en une demi-heure, dont + 100 points en quelques secondes, sachant que personne n’a le temps de rentrer des milliers d’ordres d’achats simultanément, même en pianotant à une vitesse surhumaine) qu’elle a engendré un effet de sidération.
Quand vous êtes vendeur à découvert et qu’en arrivant au bureau vers 7h30 du matin, vous découvrez que les titres que vous avez shortés vont prendre entre 20 et 40% à l’ouverture et qu’aucun stop de protection ne va fonctionner. Dans de telles circonstances, vous être trop occupé à réfléchir à comment vous allez couvrir vos pertes pour vous poser des questions concernant la crédibilité de l’annonce de Pfizer, le défi technologique colossal consistant à fabriquer des centaines de millions de doses devant aussitôt être congelées à – 80 degrés celsius et le challenge que représente leur conservation à cette température (y compris durant des trajets en avion, train ou camion) jusqu’à quelques minutes avant l’injection.
Des résistances tenaces
La brutalité de la réponse algorithmique au communiqué de Pfizer n’a cependant pas suffi à assurer – à l’issue de la séance épique de lundi – le franchissement des résistances historiques du 2 septembre puis des 12 et 13 octobre.
Le S&P500 a ainsi échoué pour la troisième fois en neuf semaines (et en trois séances !) à franchir l’obstacle, lundi, avant-hier et hier, avec une clôture à 3 574 points ce mercredi, soit six points en dessous du record des 3 580 points inscrit début septembre.
Une sortie par le haut du corridor compris entre 3 230 et 3 580 points induit un objectif de 3 930 points par « report d’amplitude », mais Goldman Sachs voit beaucoup plus loin et table désormais sur 4 300 points à fin 2021, ce qui représenterait une progression de 20% de l’indice élargi américain.
Deux fois plus que ce que la plupart des brokers nous rabâchent pour les 12 prochains mois chaque jour de l’An, mais une estimation d’autant plus plausible que le S&P500 affiche très exactement +15% depuis le 11 novembre 2019… et peut-être bientôt, qui sait, +20% d’ici la prochaine séance des Trois sorcières du 20 novembre.