Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Quel final, quelle semaine ! Wall Street a pulvérisé tous ses records vendredi pour terminer au zénith du jour, de l’année et même de tous les temps ! Excusez du peu !
Et quelle confiance affichée à 48 heures de la déferlante des résultats trimestriels, par-delà des estimations de profits revues successivement à la baisse au fil des dernières semaines.
En ce qui concerne le S&P500, qui pour rappel avait échoué d’un rien sous les 3 000 points jeudi soir (avec une clôture presque impensable à 2 999,9 points, l’un des plus surprenants ratés de la programmation algorithmique depuis plusieurs trimestres), l’erreur a été réparée avec un gain de 0,45% à 3 013,8 points.
En hausse de 0,6%, le Nasdaq a quant à lui inscrit un nouveau doublé « zénith intraday/zénith de clôture » à 8 244 points.
Résultat des courses : les indices américains sont en train d’aligner les trois années consécutives les plus haussières depuis le rally de la période 1997/2000, c’est-à-dire la bulle des « dot.com ».
Sans surprise, Donald Trump n’a pas manqué de s’en attribuer le mérite, invoquant sa politique pro business et le traitement de choc qu’il inflige à tous ceux qui « profitaient de la faiblesse de l’Amérique ». Au premier rang desquels l’Iran et la Chine, encore tancés la semaine dernière, tandis que l’Inde est venue rejoindre la liste des pays à mettre au pas pour leurs pratiques commerciales jugées hostiles (protectionnisme, surtaxes des produits et services américains).
La multiplication des menaces de conflit ne semble pas impressionner Wall Street qui s’est habitué aux simagrées de catcheur du président américain, qui défie de loin ses adversaires et fait dans la surenchère le micro à la main. Sauf qu’une fois sur le ring, chacun des protagonistes suit le script à la lettre, le but étant d’impressionner le public sans faire de blessés parmi les puissants.
Les opérateurs relativisent le risque iranien
Cependant, le risque zéro n’existe pas et Donald Trump joue bel et bien avec le feu dans le Golfe Persique. Il a en effet face à lui des joueurs d’échec chevronnés, alors que lui semble plus doué pour les dames ou la bataille.
Du point de vue investisseurs, le risque d’un incident non-planifié dégénérant en conflit militaire avec l’Iran semble en tous les cas limité. Et pour cause : personne n’y a intérêt et ce serait une guerre impossible à gagner, tout comme en Afghanistan, en Irak, en Syrie. Autant de conflits que, soit dit en passant, Donald Trump avait qualifiés (avant son élection) de fiascos et de gouffres financiers, tout en se faisant fort de sortir l’Amérique de ces guêpiers.
Le locataire de la Maison-Blanche a néanmoins dû faire machine arrière sur le retrait des troupes américaines du Kurdistan, face à la menace d’expansionnisme turque, et le double jeu d’Erdogan avec l’OTAN et la Russie.
En l’état, ce qui apparaît certain, c’est que Donald Trump mène – maladroitement ou non – la partie géopolitique, puis la partie économique et tente de prendre la main sur la partie monétaire (c’est-à-dire fixer la valeur du dollar) comme en témoigne son duel avec la FED.
La FED en passe de réaliser une première historique
Ce dernier a pris une nouvelle tournure avec l’engagement par Jerome Powell devant le Congrès américain d’une baisse imminente des taux d’ici la fin du mois, pour soutenir la croissance de façon « préventive » et écarter le risque de déflation, alors même que les actions et les bons du Trésor sont à leur zénith historique. Une décision qu’aucune autre banque n’avait jamais consentie dans un tel contexte.
Wall Street savoure se scénario inédit et creuse irrésistiblement l’écart par rapport à l’Asie et à l’Europe, considérant que l’EuroStoxx50 a de son côté perdu 0,75% la semaine dernière et que le CAC40 a laborieusement mis un terme à une série de cinq séances de (légère) baisse d’affilée.
Alors que Wall Street vole de records en records depuis quinze jours, l’indice vedette de la Bourse de Paris reste pour sa part prisonnier depuis 10 séances d’une zone assez étroite comprise entre les 5 550 et les 5 620 points.
Il ne parvient pas davantage à en ressortir ce lundi malgré une entame positive, suivie d’un « pullback » immédiat dès le test des 5 610 points (soit 15 185 points sur le CAC40 « GR »)…