Les investisseurs ont manifestement été rassurés par la publication de Coty mercredi soir. En atteste le bond de 6% de l’action du groupe de produits de beauté, ainsi que l'évolution de son obligation à sept ans qui se rapproche du pair.
Malgré l’annonce d’une perte de 3,78 milliards de dollars au titre de son exercice fiscal bouclé fin juin, et d’une baisse de 8% de son chiffre d’affaires annuel, le géant mondial des cosmétiques a donc satisfait les marchés, sur fonds de prévisions bien accueillies.
Cette nouvelle année déficitaire s’explique par une charge exceptionnelle de trois milliards de dollars, annoncée dans le courant du second trimestre et liée à des dépréciations d'actifs dans la branche de cosmétiques grand public de Coty.
Cette division, qui représente environ 40% de ses revenus, comprend pour bonne part les actifs rachetés auprès de Procter & Gamble il y a trois ans. On pense notamment aux marques CoverGirl et Max Factor dont les ventes ont chuté.
Si ce rachat, portant sur plus de 12 milliards de dollars, avait permis à Coty de pratiquement doubler ses revenus, l’intégration s'est révélée plus complexe que prévu, dans un environnement de marché rythmé par un changement structurel du comportement des consommateurs.
La nouvelle équipe dirigeante intronisée au second semestre 2018 soulignait à ce titre que les consommateurs se dirigent de plus en plus vers des marques de niche, au détriment des produits de grande consommation vendus en grande surface comptant pour une bonne part de ses revenus.
Il y a quelques mois, et alors que Coty était également en proie à des problèmes logistiques, la direction a lancé un plan de redressement pluriannuel de 600 millions de dollars visant principalement à restructurer cette division.
Prévisions confirmées
Notons qu’en dehors des charges exceptionnelles, le bénéfice annuel ressort à 487 millions de dollars, en repli de 6%.Pour l'exercice en cours, qui a débuté début juillet, le management table sur une croissance de 5% de ses bénéfices, conforme aux attentes.On ajoutera que les investisseurs ont sans doute retenu l'annonce de réductions des coûts mais aussi d'investissements accrus dans la publicité.Dernièrement, le Financial Times notait à ce titre que Coty avait oublié de miser sur les influenceurs des réseaux sociaux pour promouvoir ses marques.
Une obligation en euro
Sur le secondaire, l’obligation que la multinationale s’engage à rembourser dans sept ans consolide ses gains, avec un cours affiché sur les écrans à 99% du nominal, de quoi tabler sur un rendement à l’échéance de 4,80%.
Il s’agit d’une rémunération en ligne avec le risque spéculatif lié à l’émetteur, dont la dette est notée « BB- » chez Standard & Poor’s.
Coty affiche un ratio dette nette sur Ebitda (excédent brut d’exploitation courant) bien supérieur à 5x, de quoi justifier la note de l’agence.
Rappelons que la famille allemande Reimann (connue pour avoir fait fortune avec des produits de nettoyage comme Harpic, Airwick et Calgon), est propriétaire de Coty depuis 1992.
Coty revendique la place de numéro 1 mondial sur le marché des parfums (Marc Jacobs, Calvin Klein, Chloé…) numéro 2 sur les produits vendus en salon de coiffure (Wella, OPI…) et numéro 3 du maquillage (Bourjois, Rimmel…).