Interview de Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France
Le Progrès– 9 novembre 2012
« Se concentrer sur de nouvelles économies de dépenses »
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, inaugure aujourd’hui la nouvelle succursale lyonnaise de son établissement bancaire, dans le quartier de la Confluence.
- Croyez-vous à une reprise d’activité dès 2013 ?
Si nous ramenons la confiance en Europe et en France, nous devrions assister à un redémarrage progressif de la croissance au cours de l’année 2013. Les pays de la zone euro ont pris des décisions importantes sur le mécanisme européen de stabilité et les règles de gouvernance de politique budgétaire. Le regard des autres pays sur l’Europe commence à changer.
- Faut-il revenir sur l’objectif de 3 % de déficit ?
Le gouvernement a raison de garder cet objectif. C’est la marque de la crédibilité de l’économie française, de sa capacité à arrêter la spirale de la dette et donc à être solvable. C’est ce qui peut rassurer les entreprises et les ménages car en ne maîtrisant pas les déficits, on donne le sentiment que les impôts vont continuer à augmenter. Si le regard des investisseurs du monde entier changeait sur la France, nos taux d’intérêts remonteraient et l’Etat serait obligé de faire des efforts encore plus grands.
- 20 milliards d’impôts nouveaux et 10 milliards d’économie : est-ce un juste équilibre ?
A titre personnel, j’aurais préféré plus d’économies sur les dépenses et faire moins appel aux recettes car la réduction des dépenses pèse moins sur la croissance ; mais l’augmentation des recettes permet une réduction plus rapide des déficits publics. Pour l’avenir, il faut se concentrer essentiellement sur les économies de dépenses.
- Nos banques sont-elles à l’abri d’un scénario à l’espagnole ?
Oui, car elles se sont beaucoup renforcées depuis le début de la crise en se dégageant d’activités pas essentielles au financement de l’économie française. Elles ont réduit leur activité de marché, et ont consolidé leurs fonds propres en mettant en réserve une partie de leurs résultats. Nous avons aujourd’hui un système bancaire solide.
- Etes-vous favorable à la séparation des banques de dépôt et d’investissement ?
Certaines activités de marché sont nécessaires à l’économie et nos banques doivent les poursuivre. Nous ne pouvons pas dépendre de banques de Wall Street pour financer nos entreprises. En revanche, je crois comme le gouvernement, que les activités spéculatives doivent être interdites ou isolées et soumises à des contraintes fortes.
- Vous inaugurez aujourd’hui à Lyon la nouvelle succursale de la Banque de France au moment où un plan de réduction d’effectifs est prévu d’ici 2020.
Non, c’est avant tout une prise en compte des départs à la retraite massifs que la Banque va connaître d’ici 2020. D’ailleurs, nous allons embaucher plus que nous ne l’avons jamais fait. Nous voulons regrouper nos unités de traitement – par exemple pour le tri des billets, nous passerions à trois centres en Rhône-Alpes (Lyon Gerland, Annecy et Grenoble) – mais nous continuerons à privilégier l’accueil avec le public et la proximité des entreprises, en étant
présents dans tous les départements. Je veux montrer en venant à Lyon que je crois en notre réseau et en sa modernisation.
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