(Reuters) - L'Union européenne s'est entendue mercredi sur un accord de principe accordant aux produits agricoles ukrainiens l'accès au marché unique sans droits de douane jusqu'en 2025, avec toutefois plusieurs limites.
La Commission européenne avait proposé en janvier de prolonger d'un an la suspension des quotas d'importation et des droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens. Les importations de poulet, œufs et sucre, seraient néanmoins taxées si les volumes importés dépassaient leur moyenne de 2022 et 2023.
Les députés européens et la présidence belge de l'UE ont négocié mercredi d'étendre ce mécanisme à l'avoine, au maïs, aux gruaux et au miel. Si les conditions de mise en place des droits de douane sont réunies, la Commission agira dans les 14 jours, et non 21 jours comme prévu initialement.
La Commission doit par ailleurs surveiller l'impact des importations de céréales ukrainiennes sur les marchés du bloc et devra agir s'il devient trop important, selon les termes de l'accord négocié mercredi.
"Ce régime d'exemption va nous permettre de maintenir la dynamique de nos exportations, de soutenir les producteurs ukrainiens et de nous préparer à davantage d'intégration au sein du marché unique européen", a salué sur Telegram le Premier ministre ukrainien, Denis Chmihal.
L'accord doit encore être validé par le Parlement européen et les Etats membres, et le sera probablement d'ici avril.
"Ce n’est pas la position que défendait la France", a regretté sur franceinfo mercredi Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
"Il y a un certain nombre d’avancées mais elles ne sont pas suffisantes parce qu’on a un marché des céréales qui est très désorganisé", a-t-il ajouté.
Le ministre a précisé que le travail allait se poursuivre car des commissions doivent encore voter pour l'accord final.
"La solidarité ne doit pas se faire au prix d’une déstabilisation trop forte."
En Pologne, les agriculteurs prévoyaient de mettre en place mercredi plus de 500 blocages routiers pour protester contre l'entrée dans l'UE de produits agricoles ukrainiens, accusés de faire baisser les prix et de déstabiliser les marchés domestiques.
La levée des quotas d'importation et des droits de douane avait été décidée pour permettre à l'Ukraine de continuer à exporter sa production alimentaire malgré l'invasion russe. Kyiv assure que 95% de sa production agricole est désormais exportée par la mer Noire, et que le régime d'exemption n'a donc pas d'impact sur les marchés du bloc.
(Chandni Shah et Nilutpal Timsina à Bangalore, Nicolas Delame à Paris; version française Camille Raynaud et Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)