PARIS (Reuters) - L'organisation d'une primaire "rassemblant toute la gauche" s'impose pour remporter l'élection présidentielle de 2017, a déclaré jeudi le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis.
Le chef de file du parti s'était jusqu'à présent dit ouvert à la tenue d'une primaire - à l'image de celle organisée par la droite et le centre de novembre - sans pour autant aller jusqu'à dire que cette consultation s'imposait.
"Je suis pour une primaire de toute la gauche", a-t-il dit sur BFM TV RMC. "Elle s'impose."
"Elle doit permettre de définir un candidat unique de la gauche, c'est le seul moyen de gagner la présidentielle", a-t-il ajouté. "S'il y a émiettement à gauche, eh bien nous serons éliminés au premier tour".
En 2012, à la dernière élection présidentielle, la gauche était partie en ordre dispersée mais François Hollande avait remporté une primaire à laquelle seuls des socialistes et le président du parti radical de gauche avaient concouru.
Mais la perspective d'une possible accession du Front national au second tour en 2017 a poussé ces derniers mois les dirigeants de gauche à réfléchir à un moyen d'éviter un trop grand nombre de candidatures.
L'aile gauche du PS a adopté fin janvier à l'unanimité un texte appelant leur parti à participer à l'organisation de primaires citoyennes pour désigner le candidat des gauches.
Les écologistes Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse, qui a rejoint le gouvernement la semaine dernière la faveur du remaniement, se sont ralliées à cette idée.
HOLLANDE "LE PLUS CRÉDIBLE"
En revanche Jean-Luc Mélenchon, candidat Front de gauche à la présidentielle de 2012, s'y oppose et a déjà annoncé début février sa candidature.
"S'il y a une primaire de toute la gauche, elle s'imposera à toute la gauche", a dit Jean-Christophe Cambadélis. "Elle s'imposera a tout le monde, donc au président de la République", qu'il juge être le "candidat le plus crédible."
"Mais pour l'instant, il n'y a pas une primaire de toute la gauche parce que ce qu'on nous propose c'est une primaire d'une partie de la gauche contre une autre partie de la gauche", a-t-il ajouté, faisant allusion notamment à Jean-Luc Mélenchon. "Le problème n'est pas la primaire c'est son périmètre".
Plusieurs ministres de François Hollande ont jugé récemment qu'il serait impossible pour un président en exercice de mener à bien sa mission tout en faisant campagne pendant des mois pour s'imposer comme le candidat de son camp à un second mandat.
Le 11 février dernier, au soir du dernier remaniement gouvernemental, le chef de l'Etat avait tenu des propos qui maintenaient une certaine ambiguïté mais qui évoquaient clairement cette difficulté.
"Ce que je crois le plus profondément c'est que les partis peuvent librement s'organiser, il peut y avoir des initiatives, mais ce que j'ai à faire c'est à avancer, ce que j'ai à faire, c'est à réformer jusqu'au bout", avait-il dit aux journalistes de France 2 et TF1 (PA:TFFP) qui l'interrogeaient sur une primaire.
"Mais aujourd'hui (...), nous sommes à 14 mois de l'élection présidentielle, je vais déjà me mettre en campagne alors que je n'ai pas encore fait tout ce que j'ai à faire ?"
(Marine Pennetier, avec Ingrid Melander, édité par Yves Clarisse)